vendredi 30 septembre 2016

Qui es-tu Alaska ? - John Green



Qui es-tu Alaska ?, John Green

Editeur : Gallimard
Collection : Scripto
Nombre de pages : 362

Résumé : La vie de Miles Halter n'a été jusqu'à maintenant qu'une sorte de non-événement. Décidé à vivre enfin, il quitte le cocon familial pour partir dans un pensionnat loin de chez lui. Ce sera le lieu de tous les possibles. Et de toutes les premières fois. C'est là aussi qu'il rencontre Alaska. La troublante, l'insaisissable et insoumise, drôle, intelligente et follement sexy, Alaska Young.






- Un petit extrait -
« On passe sa vie coincé dans le labyrinthe à essayer de trouver le moyen d'en sortir, en se régalant à l'avance à cette perspective. Et rêver l'avenir permet de continuer, sauf qu'on ne passe jamais à la réalisation. On se sert de l'avenir pour échapper au présent. »
- Mon avis sur le livre -

C’est avec ce livre que j’ai découvert pour la première fois, il y a de cela bien des années, la plume incomparable de John Green, son habileté à jouer avec les émotions de ses lecteurs et surtout, la profondeur des réflexions qu’il introduit dans ses romans. J’ai ensuite découvert Nos étoiles contraires, lu les premiers chapitres (à défaut de pouvoir les acheter) de La face cachée de Margo et du Théorème des Katherine, savourant chacune de mes lectures et relectures. Mais Qui es-tu Alaska ? reste indéniablement mon favori, car c’est lui qui m’a fait découvrir cet auteur dont j’admire énormément le talent : il est l’un des seuls à réussir à me faire pleurer à coup sûr, mais également à me faire passer du rire aux larmes à une vitesse record. Tout ça pour dire que, vous l’aurez compris, ce n’est absolument pas la première fois que je lis ce roman, mais que je suis toute aussi bouleversée que si c’était le cas.

En théorie, ce roman est l’histoire de Miles, adolescent maigrichon pas très doué dans les relations sociales qui débarque dans un pensionnat loin de chez lui, avec pour seuls bagages sa passion dévorante pour les dernières paroles de célébrité et sa quête du Grand Peut-Être. Le temps d’une année scolaire, Miles va découvrir l’amitié avec ses hauts et ses bas, la transgression des règles avec ses dangers et ses poussées d’adrénaline, mais aussi l’amour passionnel et la plus terrifiante des douleurs. Mais ce roman pourrait tout aussi bien être l’histoire d’Alaska, adolescente lunatique passionnée de littérature qui débarque sans prévenir dans le quotidien et le cœur du petit nouveau. Tantôt enjouée, insouciante et frivole, tantôt maussade, impulsive et capricieuse, Alaska est au cœur de toutes les conspirations, de toutes les discussions et de tous les mystères. Miles parviendra-t-il à cerner ce caractère atypique sans s’égarer lui-même ?

Si je n’avais le droit qu’à un seul mot pour parler de ce roman, il s’agirait sans aucun doute de « déchirant ». Mais il faudrait raisonnablement y ajouter « bouleversant », « saisissant », « frappant », « émouvant », « troublant » et « poignant », tous ces adjectifs ne suffisant pas à esquisser ne serait-ce qu’une ébauche de caractérisation fidèle. Ce livre est bien plus que cela. Ce livre est une véritable claque littéraire, de ceux qui vous marquent à vie, de ceux qui vous changent en profondeur, de ceux que vous ne pouvez pas oublier. Les raisons de cette transformation intérieure du lecteur sont multiples et assez indéfinissables car imbriquées les unes dans les autres. Ce livre est l’un des rares à parvenir à me faire ressentir autant d’émotions en si peu de pages, des émotions d’une intensité inouïe et stupéfiante. Ce livre est l’un de ceux qui me font passer du rire aux larmes en l’espace de quelques lignes, qui entremêlent si habilement la joie insouciante de l’enfance et le cruel chaos de l’âge adulte, reflet parfait de l’adolescence.

Car c’est bien là le thème central de ce roman, le thème autour duquel gravitent tous les autres. L’adolescence. Cette fragile passerelle entre deux âges, cette délicate jonction entre deux versions de nous-même, cette étrange période de notre vie où nous ne sommes plus tout à fait des enfants mais pas encore des adultes. Trop souvent, on ne retient que deux choses de cette transformation : la rébellion et la puberté. Sauf qu’il y a bien plus que cela. A mes yeux, l’adolescente est une véritable crise existentielle, un moment de désarroi profond où tout ce qui nous semblait acquis s’écroule autour de nous. Quitter la quiétude et la sécurité de l’enfance pour s’aventurer dans les méandres obscures du monde adulte, et ne se sentir à sa place dans aucun de ces deux mondes. Il y a ceux qui traversent facilement cette étape, qui n’ont aucune difficulté à accepter ce changement. Mais il y a aussi ceux qui, au contraire, sont terrifiés par ce bouleversement intérieur, et c’est cela que ce livre montre. En l’espace d’une seconde, Miles voit son univers changer du tout au tout, et il n’a pas d’autre choix que de s’y conformer, bon gré mal gré. En l’espace d’une année, Miles va changer lui aussi, dans la joie et la douleur, parfois combinées. Et je vais vous dire une chose : John Green a tout compris.

Vous vous en doutez, pour porter une histoire aussi profonde et émouvante, il faut des épaules solides, autrement dit des personnages qui tiennent la route. Et sur ce point-là, encore un sans-faute pour monsieur Green ! Rien qu’avec la personnalité complexe d’Alaska, on a suffisamment de matière pour remplir plusieurs romans ! Je sais qu’elle en agace plus d’un, mais personnellement, je la trouve passionnante. Alors oui, elle est parfois capricieuse et lunatique, mais c’est ce qui fait toute son originalité : Alaska porte fièrement son imprévisibilité, comme un trophée, pour masquer la véritable souffrance qui se cache derrière cette versatilité. Oui, Alaska est un personnage qui souffre et en cela elle est terriblement attachante, même si elle peut parfois sembler insupportable. Mais Miles n’est pas en reste non plus : plus discret, moins exubérant, il garde toute pour lui, ses peurs et ses espoirs, ses pensées et ses questions. Je me suis très facilement identifier à lui, à sa quête, à ses joies et à ses douleurs. Miles est un personnage terriblement humain, complexe et vraiment réaliste. A côté de ces deux protagonistes, nous avons le camarade de chambre de Miles, Chip, dit le Colonel, qui extériorise tout ce que Miles ne sait exprimer, Chip qui se revendique comme le capitaine de leur petit duo mais qui va apprendre qu’il ne peut pas toujours tout contrôler. J’aime beaucoup le Colonel, il m’a énormément ému et il est vraiment indispensable au récit.

Un coup de cœur de plus au compteur des livres qui changent une vie. Véritable récit initiatique, Qui es-tu Alaska ? nous plonge au cœur des réflexions d’un adolescent en pleine mutation, nous entraine dans une véritable quête de sens qui se transforme progressivement en une douloureuse enquête aux enjeux existentiels. Portrait d’une génération qui ne sait plus comment grandir, Qui es-tu Alaska ? nous conte les angoisses et les questionnement qui jalonnent l’adolescence, nous raconte l’évolution d’un personnage plongé au cœur d’une réalité qu’il n’était pas prêt à supporter. Roman choc, roman claque, cette histoire bouleverse et intrigue, chamboule et étonne. Authentique mine à réflexions, ce récit ravira tous les lecteurs, jeunes et moins jeunes, trouvera un écho chez ceux qui se souviennent encore de leur adolescence ou sont encore en train de la vivre, mais saura également sensibiliser ceux qui n’ont pas encore été confronté à ce bouleversement majeur dans la vie d’une âme.

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge de l’été 2016
(plus d’explications sur cet article)

2 commentaires:

  1. Je n'ai jamais lu de roman de John Green... Ce roman, à la lecture du synopsis et de ton élogieux avis, me donne bien envie de m'y mettre ! ☺

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Franchement, n'hésite pas, c'est vraiment un très beau livre ;)

      Supprimer