Ellana : L’envol
Editeur : Rageot
Nombre
de pages : 1158
pour l’intégrale
Résumé : Encore apprentie marchombre, Ellana est
chargée par son maître Jilano d’escorter une caravane au chargement précieux et
mystérieux. Mais au fil de ses rencontres, Ellana peine à identifier ses
véritables ennemis, la Voie tend à se dérober devant elle et les choix qui
engagent sa loyauté et ses sentiments se révèlent périlleux. Lorsqu’elle
retrouve Nillem près du lac Chen, elle découvre les nouvelles attaches du
séduisant marchombre ainsi qu’une étrange Prophétie qui les lie et les sépare à
la fois...
- Un petit extrait -
« La liberté n'induit pas l'égoïsme et il n'y a pas d'homme plus libre que celui qui agit parce qu'il pense ces actes justes. »
- Mon avis sur le livre -
Je vois et entends beaucoup de lecteurs
déclarer qu’à leurs yeux, un bon livre est un livre qu’ils lisent d’une traite,
qu’ils ne peuvent pas lâcher … Dans certains cas, je suis d’accord avec eux.
Mais pas toujours. Car si certains bons livres se dévorent goulument, d’autres
se savourent posément. Le Pacte est tantôt l'un, tantôt l'autre. Il y a des moments où l'on a qu'une
seule envie, celle d'aller toujours plus en avant sans jamais s'arrêter une
seule seconde. Et d'autres moments où l'on a qu'une seule autre envie, celle de
faire durer le plaisir aussi longtemps que possible. J’aurai aisément pu
terminer ce deuxième opus en quelques heures à peine, tant il est captivant,
tant il est haletant. J’aurai pu, mais ne l’ai pas fait. Par choix. Car
j’éprouvais l’envie et le besoin de m’imprégner pleinement du récit, sans me
précipiter, en prenant le temps de me régaler de chaque mot, de chaque phrase.
Je ne l’ai pas lu d’une traite. Je l’ai souvent refermé et posé. Et pourtant,
c’est assurément l’un des livres les plus excellents qu’il m’ait été donné de
lire …
Tandis qu’Ellana poursuit sans relâche son
apprentissage auprès de Jilano, la paix de l’Empire brise en éclat : les
Raïs déferlent au nord, soutenus par les monstrueux Ts’liches que tous
croyaient disparus, et les brigands et autres pillards se multiplient au sein
même du continent. Complots et trahisons se fomentent dans l’ombre, et
l’équilibre précaire entre l’harmonie et le chaos semble à deux doigts de se
briser. A la demande de son maitre, Ellana escorte une caravane chargée
d’amener à Al-Far des artefacts destinés à la protection de la cité. En toute
discrétion. Car Jilano n’a pas confiance en Salvarode, l’autre marchombre
chargé de la protection des sphères-graphes durant le trajet … Cette mission,
anodine en apparence, va changer à tout jamais l’existence de la jeune femme.
Car nulle voie n’est parfaitement rectiligne, et de nombreuses embuches vont se
dresser sur son chemin …
Une fois encore, les mots me manquent pour
exprimer tout ce que je ressens à l’égard de ce roman … Car aucun mot ne sera
jamais assez puissant, assez juste, pour rendre hommage à ceux de Pierre
Bottero. Il faut dire que dans ce tome, il a fait fort, très fort. Il est, et
restera assurément, celui qui me bouleverse le plus à chaque relecture :
je ne compte même plus les fois où j’ai été obligée de refermer le livre en
catastrophe pour éviter que mes larmes ne viennent délaver l’encre ! Larmes
de peine, mais aussi de joie, larmes de doute, mais aussi d’espoir. Ce livre,
je l'ai vécu plus que je ne l'ai lu, et ça a été une expérience aussi belle que
douloureuse. Car si certains passages m'ont poussé vers l'avant, d'autres m'ont
brisée en mille morceaux. Je crois qu’on ne peut pas ressortir tout à fait
indemne de ce voyage aux côtés d’Ellana : d’une façon ou d’une autre, on
est transformé par cette lecture. Une fois la dernière page tournée, je me suis
sentie à la fois plus lourde et plus légère … Tant d’émotions qui dansent dans
mon cœur, tant de pensées qui tournent dans ma tête, et l’envie irrésistible de
m’envoler à la suite de notre jeune marchombre.
Car ce deuxième tome porte véritablement bien
son titre. Comme Pierre le dit lui-même dans sa préface, tout cet opus est basé
sur le lien entre le maitre et l’élève, entre celui qui enseigne et celui qui
reçoit. Celui qui offre des ailes et celui qui peut ainsi s’envoler. Plus que
jamais, je suis sous le charme de la relation qui les unie, qui les lie l’un à
l’autre. Ce lien, rien ni personne ne pourra jamais le briser, pas même la
mort. C’est beau, c’est pur. Tout en confiance, respect, réciprocité. Car même
si elle ne s’en rend pas compte, Ellana apporte à Jilano au moins autant que
Jilano apporte à Ellana. Sans maitre, pas d’élève. Sans élève, pas de
maitre. Mais on le sent, tandis que les trois années d’apprentissage arrivent
tout doucement à leur terme, il va falloir que chacun réapprenne à vivre sans
l’autre. A tracer son propre chemin, sa propre route, à vivre sa propre vie.
Car que serait un maitre qui enseigne la liberté à son élève mais l’empêche de
prendre définitivement son envol ? Un bon maitre est aussi celui qui sait
se retirer. Cette séparation, que l’on pressent et que l’on redoute, ne se fera
assurément pas sans heurt ni sans larmes … mais elle est nécessaire. Car pour
mieux se retrouver, il faut bien se quitter.
Mais ne nous y trompons pas : dans cet
opus, nous ne suivons pas uniquement le cheminement personnel d’Ellana en proie
aux doutes et au découragement, au chagrin et à la douleur. On le sent, quelque
chose de bien plus grand, de bien plus terrifiant, est tout doucement en train
de germer. Le retour des Ts’liches censés avoir disparus, les attaques de Raïs,
la montée en puissance des Mercenaires du Chaos et la déliquescence du Conseil
de la Guilde Marchombre, les soupçons de trahison des Sentinelles … Il est loin
de temps de l’insouciance où Ellana mâchouillait des framboises aux côtés de
ses pères adoptifs ! L’univers s’assombrit brusquement, l’histoire prend
un nouveau tournant. Plus violent, plus brutal. Jamais Ellana n’a eu tant
besoin de prendre les armes, de combattre, et d’ôter la vie. Et tel un fil
rouge sanglant, la Prophétie est sans cesse évoquée, comme un gong qui annonce
un sombre présage. On s’interroge, on se questionne sur le sens de cette
prédiction. Sur le rôle qu’Ellana aura à y jouer. Et sur la forme que sa
réalisation prendra … Ça promet d’être terrible et beau à la fois.
En bref, vous l’aurez bien compris : à
ce stade, les expressions « coup de foudre » et « coup de
cœur » sont bien fades pour exprimer ce que je pense de ce récit. Il me
semble tout simplement impossible de mettre des mots sur mon ressenti, car
aucun ne rendra vraiment honneur à la petite pépite que nous offre, une fois
encore, Pierre Bottero. Avec ce second tome, il nous offre un récit tout en
nuances : tantôt rude, tantôt doux, tantôt violent, tantôt émouvant.
Poignant et bouleversant. Captivant et impressionnant. Je suis et serai sans
doute à jamais ébahie par sa maitrise des mots, du rythme, des sonorités. Par
sa capacité à me couper le souffle d’une simple phrase, à me poignarder en
plein cœur d’un simple mot. Il est et restera mon modèle dans l’écriture, celui
que je ne veux non pas imiter mais suivre … Pour en revenir une dernière fois à
ce tome, petite mention spéciale aux derniers chapitres, qui font une très
belle transition avec la Quête d’Ewilan : si certains semblent regretter que leur « première
rencontre » décrite dans D’un monde à l’autre ne soit pas réellement la « première », j’aime
personnellement beaucoup comment Bottero a lier ses deux trilogies. En finesse
et délicatesse, comme à son habitude !
J'ai beaucoup apprécié lire ta chronique, j'y ai retrouvé les mêmes émotions que j'avais ressenties. En ce qui me concerne j'aimerais avoir oublié Le Pacte des Marchombres pour le recommencer et ressentir le même premier frisson qu'à ma découverte de la trilogie.
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