samedi 19 septembre 2020

Le Pacte des Marchombres, tome 2 : Ellana, L'envol - Pierre Bottero


Le Pacte des Marchombres2, Pierre Bottero
Ellana : L’envol

Editeur : Rageot
Nombre de pages : 1158 pour l’intégrale
Résumé : Encore apprentie marchombre, Ellana est chargée par son maître Jilano d’escorter une caravane au chargement précieux et mystérieux. Mais au fil de ses rencontres, Ellana peine à identifier ses véritables ennemis, la Voie tend à se dérober devant elle et les choix qui engagent sa loyauté et ses sentiments se révèlent périlleux. Lorsqu’elle retrouve Nillem près du lac Chen, elle découvre les nouvelles attaches du séduisant marchombre ainsi qu’une étrange Prophétie qui les lie et les sépare à la fois...

- Un petit extrait -
« La liberté n'induit pas l'égoïsme et il n'y a pas d'homme plus libre que celui qui agit parce qu'il pense ces actes justes. »
- Mon avis sur le livre -

Je vois et entends beaucoup de lecteurs déclarer qu’à leurs yeux, un bon livre est un livre qu’ils lisent d’une traite, qu’ils ne peuvent pas lâcher … Dans certains cas, je suis d’accord avec eux. Mais pas toujours. Car si certains bons livres se dévorent goulument, d’autres se savourent posément. Le Pacte est tantôt l'un, tantôt l'autre. Il y a des moments où l'on a qu'une seule envie, celle d'aller toujours plus en avant sans jamais s'arrêter une seule seconde. Et d'autres moments où l'on a qu'une seule autre envie, celle de faire durer le plaisir aussi longtemps que possible. J’aurai aisément pu terminer ce deuxième opus en quelques heures à peine, tant il est captivant, tant il est haletant. J’aurai pu, mais ne l’ai pas fait. Par choix. Car j’éprouvais l’envie et le besoin de m’imprégner pleinement du récit, sans me précipiter, en prenant le temps de me régaler de chaque mot, de chaque phrase. Je ne l’ai pas lu d’une traite. Je l’ai souvent refermé et posé. Et pourtant, c’est assurément l’un des livres les plus excellents qu’il m’ait été donné de lire …

Tandis qu’Ellana poursuit sans relâche son apprentissage auprès de Jilano, la paix de l’Empire brise en éclat : les Raïs déferlent au nord, soutenus par les monstrueux Ts’liches que tous croyaient disparus, et les brigands et autres pillards se multiplient au sein même du continent. Complots et trahisons se fomentent dans l’ombre, et l’équilibre précaire entre l’harmonie et le chaos semble à deux doigts de se briser. A la demande de son maitre, Ellana escorte une caravane chargée d’amener à Al-Far des artefacts destinés à la protection de la cité. En toute discrétion. Car Jilano n’a pas confiance en Salvarode, l’autre marchombre chargé de la protection des sphères-graphes durant le trajet … Cette mission, anodine en apparence, va changer à tout jamais l’existence de la jeune femme. Car nulle voie n’est parfaitement rectiligne, et de nombreuses embuches vont se dresser sur son chemin …

Une fois encore, les mots me manquent pour exprimer tout ce que je ressens à l’égard de ce roman … Car aucun mot ne sera jamais assez puissant, assez juste, pour rendre hommage à ceux de Pierre Bottero. Il faut dire que dans ce tome, il a fait fort, très fort. Il est, et restera assurément, celui qui me bouleverse le plus à chaque relecture : je ne compte même plus les fois où j’ai été obligée de refermer le livre en catastrophe pour éviter que mes larmes ne viennent délaver l’encre ! Larmes de peine, mais aussi de joie, larmes de doute, mais aussi d’espoir. Ce livre, je l'ai vécu plus que je ne l'ai lu, et ça a été une expérience aussi belle que douloureuse. Car si certains passages m'ont poussé vers l'avant, d'autres m'ont brisée en mille morceaux. Je crois qu’on ne peut pas ressortir tout à fait indemne de ce voyage aux côtés d’Ellana : d’une façon ou d’une autre, on est transformé par cette lecture. Une fois la dernière page tournée, je me suis sentie à la fois plus lourde et plus légère … Tant d’émotions qui dansent dans mon cœur, tant de pensées qui tournent dans ma tête, et l’envie irrésistible de m’envoler à la suite de notre jeune marchombre.

Car ce deuxième tome porte véritablement bien son titre. Comme Pierre le dit lui-même dans sa préface, tout cet opus est basé sur le lien entre le maitre et l’élève, entre celui qui enseigne et celui qui reçoit. Celui qui offre des ailes et celui qui peut ainsi s’envoler. Plus que jamais, je suis sous le charme de la relation qui les unie, qui les lie l’un à l’autre. Ce lien, rien ni personne ne pourra jamais le briser, pas même la mort. C’est beau, c’est pur. Tout en confiance, respect, réciprocité. Car même si elle ne s’en rend pas compte, Ellana apporte à Jilano au moins autant que Jilano apporte à Ellana. Sans maitre, pas d’élève. Sans élève, pas de maitre. Mais on le sent, tandis que les trois années d’apprentissage arrivent tout doucement à leur terme, il va falloir que chacun réapprenne à vivre sans l’autre. A tracer son propre chemin, sa propre route, à vivre sa propre vie. Car que serait un maitre qui enseigne la liberté à son élève mais l’empêche de prendre définitivement son envol ? Un bon maitre est aussi celui qui sait se retirer. Cette séparation, que l’on pressent et que l’on redoute, ne se fera assurément pas sans heurt ni sans larmes … mais elle est nécessaire. Car pour mieux se retrouver, il faut bien se quitter.

Mais ne nous y trompons pas : dans cet opus, nous ne suivons pas uniquement le cheminement personnel d’Ellana en proie aux doutes et au découragement, au chagrin et à la douleur. On le sent, quelque chose de bien plus grand, de bien plus terrifiant, est tout doucement en train de germer. Le retour des Ts’liches censés avoir disparus, les attaques de Raïs, la montée en puissance des Mercenaires du Chaos et la déliquescence du Conseil de la Guilde Marchombre, les soupçons de trahison des Sentinelles … Il est loin de temps de l’insouciance où Ellana mâchouillait des framboises aux côtés de ses pères adoptifs ! L’univers s’assombrit brusquement, l’histoire prend un nouveau tournant. Plus violent, plus brutal. Jamais Ellana n’a eu tant besoin de prendre les armes, de combattre, et d’ôter la vie. Et tel un fil rouge sanglant, la Prophétie est sans cesse évoquée, comme un gong qui annonce un sombre présage. On s’interroge, on se questionne sur le sens de cette prédiction. Sur le rôle qu’Ellana aura à y jouer. Et sur la forme que sa réalisation prendra … Ça promet d’être terrible et beau à la fois.

En bref, vous l’aurez bien compris : à ce stade, les expressions «  coup de foudre » et « coup de cœur » sont bien fades pour exprimer ce que je pense de ce récit. Il me semble tout simplement impossible de mettre des mots sur mon ressenti, car aucun ne rendra vraiment honneur à la petite pépite que nous offre, une fois encore, Pierre Bottero. Avec ce second tome, il nous offre un récit tout en nuances : tantôt rude, tantôt doux, tantôt violent, tantôt émouvant. Poignant et bouleversant. Captivant et impressionnant. Je suis et serai sans doute à jamais ébahie par sa maitrise des mots, du rythme, des sonorités. Par sa capacité à me couper le souffle d’une simple phrase, à me poignarder en plein cœur d’un simple mot. Il est et restera mon modèle dans l’écriture, celui que je ne veux non pas imiter mais suivre … Pour en revenir une dernière fois à ce tome, petite mention spéciale aux derniers chapitres, qui font une très belle transition avec la Quête d’Ewilan : si certains semblent regretter que leur « première rencontre » décrite dans D’un monde à l’autre ne soit pas réellement la « première », j’aime personnellement beaucoup comment Bottero a lier ses deux trilogies. En finesse et délicatesse, comme à son habitude !

1 commentaire:

  1. J'ai beaucoup apprécié lire ta chronique, j'y ai retrouvé les mêmes émotions que j'avais ressenties. En ce qui me concerne j'aimerais avoir oublié Le Pacte des Marchombres pour le recommencer et ressentir le même premier frisson qu'à ma découverte de la trilogie.

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