Editeur : l’école des loisirs
Nombre de pages : 254
Résumé : Simon Peretti, quinze ans et demi, photographe de nuages, a des centaines d’amis sur Facebook depuis qu’il est devenu le type le plus populaire du lycée. Celui qui a réussi à conquérir la fille la plus mystérieuse du quartier, une terreur, une légende. Nul doute, on les a vus, on les a pris en photo. Simon refuse d’en dire davantage, protège une histoire qui n’appartient qu’à lui et à la fille qu’il vient de rencontrer. Pourtant, il suffit d’un week-end pour que le monde de Simon Peretti s’effondre. Pour qu’il assiste, impuissant, à son lynchage numérique.
« Très vite, il reprend ses habitudes comme celle de laisser traîner ses affaires, de se lever toujours de mauvaise humeur le matin, et très tard, quand le réveil ne sonne pas. Ce qui énerve son père, et Simon préfère. Il ne le prend plus pour un ado perturbé, dingue peut-être, mais pour un ado insupportable. C'est plus facile à vivre. »
Le plus délicat, quand on est quelque peu déçu par un livre qui semble pourtant faire l’unanimité auprès de son lectorat, c’est de faire la part des choses : le problème vient-il du livre en lui-même, ou bien est-ce nous qui sommes passé à côté de quelque chose ? C’en est au point que, parfois, j’ai le sentiment de ne pas avoir lu le même livre que les autres, tant leurs commentaires ne correspondent pas à ce que je viens de lire … C’est dans ces moments-là qu’on se rend véritablement compte qu’au final, il n’y a pas de « bons » ou de « mauvais » livres, seulement des livres qui correspondent plus ou moins à chaque lecteur, vu qu’un même livre va être à la fois un superbe coup de cœur pour l’un et une terrible déception pour un autre, et que certains le trouveront juste quelconque … Mais le plus difficile, ça reste d’en parler : ce n’est pas toujours évident de nager à contrecourant, de contredire tous les autres lecteurs, d’être le vilain petit canard du groupe !
Jusqu’à l’âge de sept ans, Simon était un petit garçon plutôt solitaire, apprécié de tous ses camarades de classe mais n’ayant pas le moindre véritable ami à inviter dormir à la maison. Jusqu’au jour où Nessim et Léonard entrent dans sa vie, deviennent ses frères, liés par une promesse : ils ne se quitteront jamais, se diront toujours tout. Ce pacte, scellé dans la cour de récréation de l’école primaire, les unie durant toute leur enfance et une bonne partie de leur adolescence. Jusqu’au jour où Simon tombe amoureux. Jusqu’au jour où Simon devient la coqueluche du lycée pour avoir été vu en compagnie de la fille la plus mystérieuse et crainte du quartier. Jusqu’au jour où, faute d’avoir consenti à offrir plus d’informations croustillantes à la populace, il devient l’homme à abattre. Sur les réseaux sociaux, les messages de haine ont remplacé les messages de félicitations. Les menaces ont remplacé les encouragements. Quand même Nessim et Léonard lui tournent le dos, l’abandonnent à son lynchage médiatique en règle, Simon sait qu’il a tout perdu, alors qu’il s’apprêtait enfin à lever le voile sur cet amour prodigieux qui illuminait sa vie …
Vous l’aurez sans doute deviné en lisant mon introduction : je n’ai clairement pas apprécié ce livre. Il n’est sans doute pas mauvais dans le fond, mais ça ne l’a clairement pas fait avec moi … s’il n’était pas si court, je l’aurai peut-être même tout simplement abandonné au bout d’une cinquantaine de pages. Je m’ennuyais : c’était creux, vide, plat. Exactement comme le quotidien de Simon, Nessim, Léonard, tous leurs camarades de classe et par extension tous les adolescents de notre société moderne. Quelle morne vie que cette vie greffée à un smartphone, à guetter la moindre réaction ou le moindre commentaire sur les réseaux sociaux, à traquer la moindre fête pour aller se bourrer la gueule, être amorphe le lendemain, manger quelques chips et recommencer jour après jour. Le seul mérite de ce roman, à mes yeux, c’est de montrer l’extrême abattement de cette génération que rien n’intéresse, que rien ne passionne, que rien n’anime. Sauf que je n’ai pas réussi à plaindre Simon : il est tout simplement odieux avec ses parents, n’a aucun respect pour les promesses qu’il fait à sa grand-mère, est d’un égoïsme effarant. C’est terrible de se dire que ce livre est supposé faire « un portrait saisissant » des ados d’aujourd’hui quand on voit le comportement de Simon !
Il y avait pourtant quelques éléments sympathiques dans cet ouvrage : je pense à l’histoire d’amour, toute délicate et fragile, entre Simon et Dune, cette histoire d’amour qui vient briser toutes les certitudes du jeune homme, qui vient donner un sens à sa triste existence, qui vient donner des couleurs à ce monde monotone. Durant ces quelques chapitres consacrés à la naissance de cet amour, je me suis sentie un peu plus proche de Simon, car il devenait enfin humain, lui qui agissait jusqu’alors comme un automate drogué au numérique. De même, je trouvais la relation entre Simon et son père plutôt touchante dans les premiers chapitres, centrés sur l’enfance de Simon : j’aimais quand il était encore ce petit garçon qui découvre que son père a l’âge d’être un papi, qui s’inquiétait sans cesse pour lui et mettait en place mille stratagèmes avec ses amis pour le garder en vie. D’ailleurs, l’amitié entre les trois garçons était également très belle lorsqu’ils étaient enfants, mais arrivés au collège, avec cette sombre histoire de réputation et de popularité, de « belles nanas aux gros seins » à « séduire » et de « preuves » à faire en se rendant dans les quartiers sensibles, tout s’effiloche. Il ne reste plus rien de ces preuves d’humanité, et Simon redevient très vite ce robot propulsé aux réseaux sociaux …
En bref, vous l’aurez bien compris, cela ne sert à rien de s’étendre plus : j’ai été plutôt déçue par ce livre, et cela d’autant plus que la thématique du cyberharcélement « promis » par la quatrième de couverture n’est finalement que survolée alors que je m’attendais à ce qu’elle soit centrale. Tout le roman n’est finalement qu’une longue rétrospective pour nous introduire la situation initiale du prologue, et lorsque nous rejoignons cette temporalité dans les derniers chapitres, c’est juste pour nous présenter une happy end un peu trop rapide et niaise qui ne résout en réalité absolument rien. Cela aurait encore pu être intéressant si j’étais parvenue à m’attacher au personnage principal, mais ça n’a clairement pas été le cas : lui et moi ne vivons vraiment pas dans le même monde, aussi je ne parvenais pas à avoir la moindre empathie pour lui. C’est vraiment, finalement, ce qui manque le plus dans ce récit : de l’émotion. La plume est très sobre, mais surtout très « détachée » du récit, comme si le narrateur relatait bêtement ce qu’il voyait et entendait alors qu’on aurait eu besoin de ressentir plus de chose pour se sentir un peu plus concerné par l’histoire de Simon. Peut-être que les ados y trouveront leur compte car ils s’identifieront à Simon, mais ça ne l’a pas fait avec moi …
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