Les tentacules du mal
Editeur : Rageot
Nombre
de pages : 892 pour
l’intégrale
Résumé : Avec ses compagnons, Ewilan poursuit son
périple vers Valingaï afin de rendre Illian à sa famille, retrouver ses parents
et contrer la méduse qui envahit l’Imagination. Parvenus à Hurindaï, une
cité-état qui subit les assauts de l’armée de Valingaï, ils échappent de peu à
la mort et reprennent leur voyage jusqu’à Valingaï. C’est dans cette cité, sur
le sable de l’arène, que leur destin va se jouer.
- Un petit extrait -
« Salim jeta un coup d'œil à Ewilan qui approuva d'un léger signe de tête. Il poursuivit :- Nous en sommes réduits à réciter, dans les cavernes désertes de nos cœurs dévastés, des odes qui pourtant les feraient vibrer si elles prenaient le temps de les écouter. Nous nous jetons à leurs pieds, elles nous tournent le dos. Nous brûlons d'une flamme haute et pure, elles ne s'y réchauffent pas. Les hommes sont des poètes méprisés ! J'ai bien dit les hommes, pas les gros poulpes avec une... Non, Bjorn, je ne parlais pas pour toi ! Arrête !Le chevalier avait saisi Salim et faisait mine de l'étrangler.- Espèce de roquet insolent, gronda-t-il, tu outrepasses les limites de ma bienveillance.- Non, Bjorn, tu te méprends. C'est charmant, un poulpe... Aïe !La première, Ewilan éclata de rire, bientôt suivie d'Ellana et de l'ensemble des Alaviriens. Un rire purificateur qui balaya comme par magie angoisses et tristesse. »
- Mon avis sur le livre -
Un de mes plus grands regrets en tant que
lectrice est d’avoir découvert Pierre Bottero « trop tard », et donc
de ne jamais avoir eu l’occasion de le rencontrer pour le remercier de nous
avoir offert ces magnifiques histoires, pour le remercier pour ses livres qui m’ont
fait tant de bien lorsque j’en avais besoin … Pour lui dire merci d’avoir
complétement chamboulé ma vie, de m’avoir fait prendre conscience de la magie
des mots, de m’avoir ouvert la voie de l’écriture. Alors, faute d’avoir pu lui
exprimer toute ma reconnaissance et mon admiration, je me contente d’annoncer
au monde entier mon amour pour ses romans, dans l’espoir de susciter l’envie de
découvrir cet auteur prodigieux à ceux et celles qui ne l’ont toujours pas
fait. C’est bien peu, comparé à tout ce que Pierre Bottero m’a apporté à
travers ses récits, mais c’est mieux que rien, et c’est le seul moyen que j’ai
à ma disposition pour tenter de rendre la pareille à cet auteur si cher à mon cœur
et si important dans ma vie … Alors je n’ai qu’une chose à dire : lisez-le !
Alors même que l’Empereur lui a expressément
ordonné d’abandonner l’expédition chargée de ramener le petit Illian chez les
siens et de laisser Edwin partir seul à la recherche d’Altan et Elicia, qui n’ont
plus donné signe de vie depuis plusieurs semaines, Ewilan est bien décidée à mener
à bien la mission cruciale que lui a confiée l’Oeil d’Otolep en la guérissant :
détruire la malveillante méduse qui a envahi l’Imagination et menace à tout
instant de s’incarner dans leur monde. Et ce quoi qu’il puisse lui en couter.
Accompagnée de ses fidèles compagnons, qui n’hésitent pas une seule seconde à
la suivre dans ce qui s’apparente pourtant à une trahison, la jeune fille
traverse la Mer des Brumes, parcourt le désert Ourou, franchit les plaines
Souffle et découvre les cités-états de ce continent jusqu’alors réputé inhabité
… Mais leur périple ne sera pas de tout repos : Valingaï, la cité natale
du petit Illian – dont le comportement devient de plus en plus inquiétant au
fur et à mesure qu’ils se rapprochent de chez lui –, s’apprête à marcher sur
les villes qui les séparent de Gwendalavir … La Compagnie n’a plus beaucoup de
temps pour agir : parviendront-ils à sauver une fois de plus leur monde ?
Indiscutablement l’un des tomes les plus
intenses des trois trilogies réunies ! Du début à la fin, le lecteur est
baigné dans cette urgence grandissante et cette tension croissante au fur et à
mesure que se rapproche la douloureuse, effrayante et inéluctable échéance :
ce terrifiant face à face entre Ewilan, si vaillante mais pourtant si
vulnérable, et cette entité maléfique que les adeptes d’un culte sanguinaire s’efforcent
d’invoquer. Quelles sont les chances d’une jeune fille face à une telle
divinité démoniaque ? Tandis que nous progressons page après page vers
cette inévitable confrontation, le récit se fait de plus en plus sombre et
poignant … Plongé corps et âme dans l’histoire, le lecteur tremble d’inquiétude
et de tristesse à l’idée de ce qui attend les personnages, et dont de ce qui l’attend,
car on pressent au plus profond de nous-même que quelque chose de dramatique est
sur le point de se jouer. Chapitre après chapitre, une chape d’effroi et de
douleur s’étend un peu plus au-dessus de la tête de nos héros et enserre le cœur
du lecteur, qui oublie progressivement que ce n’est qu’une simple fiction :
on se sent tellement concerné par le sort d’Ewilan et de ses compagnons !
La gorge se noue, le souffle se coupe, les yeux s’embuent …
Mais malgré tout, on savoure. Du début à la fin.
On croque cette histoire à pleines dents, on dévore chaque chapitre comme si
notre vie en dépendait. Et on se régale. Car au-delà de cette lourdeur et de
cette noirceur encore jamais atteintes dans la saga, ce récit est parsemé de
légèreté. On retrouve avec une joie immense les dialogues endiablés entre Salim
et Bjorn, véritables rayons de soleil au cœur de l’obscurité. De même, on
retrouve l’ironie débordante d’Ellana, ainsi que sa désinvolture qui nous
permet de prendre un peu de recul au lieu de se complaire dans l’inquiétude du lendemain
et le découragement. Même le vieux Duom nous apporte en fin de tome une scène à
mourir de rire qui vient relâcher la pression accumulée tout au long du roman,
si ce n’est de la trilogie entière ! On se régale également de tous ces
petits instants de grâce, chargés de douceur et de tendresse, qui viennent
chasser momentanément la douleur et la détresse : certains passages sont
vraiment émouvants à en pleurer. Et certains sont tout simplement déchirants,
atrocement tragiques et pourtant si beaux …
Il faut dire que ce tome est bien plus
profond que les précédents. Tandis que se rapproche l’épreuve finale, où se
jouera le sort de tout un monde, nos héros font face à leur propre destinée.
Non pas ce destin implacable, ce chemin déjà tout tracé auquel on ne peut
échapper. Non. Chacun, à leur manière, décide de tracer sa propre route, de
devenir maitre de sa vie au lieu de se laisser guider par une main invisible et
inflexible. Libre-arbitre. « On a toujours le choix. Toujours. Il suffit
de faire le bon », déclare notre brave et dévoué Maniel à une Ewilan
désemparée devant le point de non-retour où elle ne peut plus faire marche
arrière. A la croisée des chemins, Ewilan et tous ses compagnons de route font
face à cette grande question, que nous nous sommes tous déjà posé à de diverses
occasions : quel est le bon choix ? Tant pour soi-même que pour les
autres … C’est un tome qui explore aussi la question de la responsabilité, du
devoir, de l’égoïsme, du sacrifice. Mais aussi du mensonge, de la trahison, de
l’ambition, de la vengeance. Du poids des erreurs, mais aussi de la force du
pardon. Et tout cela donne lieu à des passages vraiment bouleversants, magnifiés
par la plume de Pierre Bottero qui, à la fois si simple et si riche, sublime
vraiment le récit. On finit en apothéose avec des chapitres d’une brièveté qui
n’a d’égale que leur puissance. Magnifique, vraiment.
En bref, vous l’aurez bien compris, le coup
de cœur que j’ai pour la saga dans son ensemble se confirme également pour ce
tome pris individuellement. Du Bottero dans toute sa splendeur, où la dureté de
la quête, la noirceur de l’épreuve, côtoient la joie de cheminer entre amis, la
douceur des sentiments naissants … Le plaisir de l’aventure que représente la
vie. C’est un final vraiment grandiose que nous offre l’auteur dans ce tome,
avec un adversaire plus terrifiant que jamais, avec une confrontation plus
épique que jamais, avec de la peine et de la douleur à n’en plus finir, mais
toujours cette force de l’amitié qui les rend plus fort que les épreuves … J’ai
tout simplement adoré, et j’avoue que j’ai fait trainer le plaisir en longueur
en lisant bien plus doucement que d’ordinaire ! Malgré tout, il y a ce
petit pincement au cœur, car même en sachant que je vais les retrouver dans le
tome 3 du Pacte des Marchombres, il n’empêche qu’une page se tourne définitivement : c’est la fin de
l’histoire d’Ewilan et de ses compagnons, la fin de diverses épopées qui nous
fait rire, pleurer, trembler, souffler, rêver … On ferme la dernière page avec
un doux sentiment d’accomplissement, mais aussi avec un peu de peine, car c’est
dur, les « au revoir » …
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