Le livre des portes
Editeur : Autoédition
Nombre
de pages : 348
Résumé : Dans un monde où cohabitent humains, elfes
et inferniths – des êtres hybrides mi-humains, mi-démons comme des muses, des
vampires, des chimères… la guerre fait rage. Mené par un mage noir nommé
Kendrick, un groupe d’inferniths terrorise Galénor depuis des décennies –
meurtres, maisons incendiées et disparitions s’enchaînent… JudyAnn, une jeune
paysanne, voit sa vie changée à jamais lorsque le célèbre Edgar Grimm Mérindol
lui apprend qu’elle est une géminie, sorte de magicienne qu’elle croyait
pourtant disparue… Elle partira pour la grande cité de Godwynn où elle
apprendra à maîtriser ses pouvoirs avec Vincent, un professeur et un vampire
pas comme les autres…
Un grand merci à Audrey
Verreault pour l’envoi de ce volume et à la plateforme SimPlement pour avoir rendu
ce partenariat possible.
- Un petit extrait -
« Le peuple d'Aldorham vivait donc depuis plusieurs années cloîtré derrière ses remparts. N'ayant pratiquement aucun contact avec l'extérieur, ses habitants pratiquaient d'anciennes coutumes perçues comme complètement dépassées ailleurs à travers Galénor. Les non-magiciens étaient ainsi tenus de vouvoyer les magiciens et les femmes ne devaient entre autres pas boire d'alcool ni porter de robes trop courtes ou trop voyantes. Les vieilles peurs et les superstitions avaient aussi du mal à disparaître. On racontait entre autres que le fait de ne pas s'incliner devant un magicien comme le voulait la tradition pouvait porter malheur... »
- Mon avis sur le livre -
L’un de mes plus gros problèmes, c’est que je
ne sais pas dire non quand il est question de livre … Raisonnablement, je n’aurai
pas dû accepter la proposition de service de presse d’Audrey Verreault : entre
la reprise des cours et l’approche du déménagement, je suis censée écluser la
pile de services de presse en attente de traitement, pas la faire grandir
encore et encore ! Mais rien à faire, à chaque fois qu’un auteur me
demande si je veux bien découvrir son livre … je dis oui. C’est plus fort que
moi, a fortiori quand le livre en question est estampillé « fantasy » :
vous le savez, c’est un genre auquel je ne parviens pas à résister. Et c’est
ainsi que ce premier tome est arrivé dans ma boite aux lettres, puis sur mon
étagère « pile à lire prioritaire », puis entre mes mains … Alors
même que l’une de mes bonnes résolutions 2019 était « ne plus commencer de
nouvelles sagas ». Je suis définitivement faible face aux livres …
Dans quelques jours, JudyAnn va fêter son
dix-neuvième anniversaire … et par la même occasion, elle découvrira si elle
est oui ou non une magicienne, et si elle devra quitter son village et sa
famille adoptive pour s’en aller à Godwynn apprendre à maitriser ses pouvoirs.
Mais tout ne se passe pas comme prévu : voilà que l’illustre naturaliste
Mérindol lui apprend qu’elle est une des quatre ultimes géminis, sorciers
légendaires et surpuissants censés ramener la paix à Galénor … Arrivée à
Godwynn, elle fait la connaissance des trois autres géminis : Daphnée, sa sœur,
Tom et Kyle. Elle rencontre également Vincent, un mystérieux et facétieux
vampire dont elle tombe irrémédiablement amoureuse. Entre cours de magie et lutte
contre les mages noirs de Kendrick, JudyAnn n’est pas au bout de ses surprises !
Car au bout du chemin l’attendent d’incroyables révélations sur elle-même … et
si elle n’était pas celle qu’elle pensait ?
Je ne sais honnêtement pas quoi penser de ce
livre. Il est loin d’être mauvais … mais il est loin d’être excellent non plus.
Il y a du bon, mais également du moins bon, et j’ai donc eu toutes les peines
du monde à m’immerger totalement dans l’histoire. Il y a, tout d’abord, des
questions d’ordre typographiques : des signes de ponctuation manquants,
des lettres stylisées qui se promènent par-ci par-là (ça peut sembler original
au premier abord, mais ça a surtout comme fâcheuse conséquence de perturber la
lecture) … Et puis, il y a ce que j’appelle « l’effet premier roman » :
des dialogues parfois très plats – parce qu’il faut bien transmettre des
informations au lecteur –, des passages parfois longuets – parce qu’il faut
bien tout raconter, même la leçon de guitare, quand bien même ceci n’a aucune
incidence sur l’intrigue – … Et cela d’autant plus que l’univers que nous
propose l’autrice est riche, très riche … peut-être même trop riche. On a le
sentiment qu’elle a fait une sorte de mélange de tout ce qui existe déjà en
fantasy et fantasy urbaine : on a de tous, des vampires et loups-garous,
des créatures de la mythologie grecque, de la magie … On ne sait plus où donner
de la tête !
Surtout que Galénor est un univers parallèle
au nôtre, et certaines de nos technologies s’y trouvent ! C’est tellement
déconcertant de voir une Gameboy côtoyer une carriole médiévale, surtout qu’une
fois encore, cela n’ajoute rien à l’intrigue. Et puis, on a du mal à comprendre
les liens qui unissent ces deux univers : tantôt JudyAnn et ses compagnons
semblent bien connaitre la culture terrienne, et deux paragraphes plus tard, c’est
comme s’ils n’en avaient jamais entendu parler ! On ne sait plus trop à
quoi s’en tenir, et cela d’autant plus que nos personnages sont assez « girouettes »
sur les bords : ils n’ont pas de consistance, leur personnalité et
caractère évoluent selon les besoins de l’intrigue, comme s’ils n’étaient que
de simples pantins d’une histoire qui doit se passer comme et pas autrement. C’est
dommage, car certains personnages avaient un vrai potentiel … malgré leur
ressemblance indiscutable avec nombre de protagonistes d’Harry Potter. Une
héroïne en connexion psychique avec le grand méchant qui a des visions de lui,
un professeur d’alchimie/potions dont on ne connait pas trop l’allégeance, ça
ne vous dit rien ? Personnellement, les très nombreuses similitudes avec l’histoire
du petit sorcier à lunettes m’ont beaucoup perturbée …
J’ai bien conscience d’avoir l’air très
critique vis-à-vis de ce livre. Pourtant, ce n’est pas une déception, loin de
là. L’univers, les personnages, l’intrigue, tout cela avait un grand potentiel,
et il ne fait aucun doute que l’autrice a une imagination fertile et débordante.
Mais il y a ce petit côté « patchwork d’influences » qui vient briser
l’originalité de tout cela. On ressent beaucoup trop les nombreuses
inspirations de l’autrice, comme si celle-ci n’avait pas su brider ses élans de
lectrice passionnée et qu’elle ressort en vrac tout ce qu’elle a apprécié dans
ses lectures. J’aime beaucoup la Carte du Maraudeur et ses « petits mots
doux » à ceux qui tentent de percer ses secrets, mais je n’avais pas
forcément l’envie de trouver un parchemin du même type ici. De même, on a le
sentiment qu’elle a voulu intégrer absolument tout ce qui lui est passé par la
tête, sans opérer le moindre tri, comme pour nous en mettre pleins les yeux :
je n’ai absolument rien contre les instruments de musique, mais franchement, l’arbre
à flutes, je m’en serai passé, car il y a déjà beaucoup trop d’informations à
ingurgiter, beaucoup trop d’éléments à intégrer. Le lecteur n’a pas besoin de
connaitre l’intégralité de la faune et de la flore de ce monde, même si
celle-ci est foisonnante !
Ce que le lecteur cherche, c’est une
histoire, une intrigue. Et ici, impossible de vraiment s’immerger dans les
aventures de JudyAnn, qui passent au second plan derrière l’étalage de l’originalité
de l’univers et derrière ses très nombreuses introspections amoureuses (par
pitié, mettez moi ce vampire au placard s’il est juste là pour la romance !).
Il n’y a vraiment que le dernier quart qui m’a captivée, car ça y est, on
entrait vraiment dans le vif du sujet, avec des complots, des trahisons, des
repentirs … Alors on n’échappe pas à certains clichés, à certains retournements
de situation vus et revus, mais il y a de l’action, il y a du suspense, il y a
de la tension. Et j’ai adoré. Vraiment, cette dernière partie était géniale, ce
fut un vrai plaisir que de suivre JudyAnn dans cette immersion dans l’antre du
grand méchant ! Fini les temps morts, les passages inutiles (les repas,
les trajets … tout cela, il faut les ellipser, pas besoin de tous les raconter,
ça brise le rythme), l’histoire se met enfin en route et on a envie de tourner
les pages pour savoir comment tout cela va se terminer (même si on n’a pas trop
d’inquiétudes, on sait que finira bien) ! Ça donne envie de lire la suite !
En bref, vous l’aurez bien compris, je suis
clairement mitigée vis-à-vis de ce premier opus : il y a un réel
potentiel, mais il y a surtout un petit arrière-gout d’inabouti … Il y a un
problème de rythme, qui aurait dû être corrigé : le début est vraiment
trop long, et la fin est un tantinet trop rapide (j’ai dû relire certains
passages deux fois pour comprendre l’enchainement des actions). Mais surtout,
il y a le travers de beaucoup de premiers romans : l’autrice a déversé en
vrac tout le bric-à-brac d’idées qui foisonnaient dans son esprit, et noie
ainsi le lecteur sous cet afflux d’informations qui, finalement, ne font pas
avancer l’intrigue. Ajoutez à cela cet air de déjà vu, et vous comprendrez mon
verdict : c’est un livre qui aurait pu devenir un coup de cœur s’il avait
été retravaillé, peaufiné, pour présenter au lecteur quelque chose de vraiment
nouveau et pas une simple relecture de tout ce qui existe déjà. La plume de l’autrice
est belle, il y a vraiment du talent de conteuse, mais cela n’a pas suffi … J’attends
le second tome avec impatience, car le dernier tiers prouve que l’autrice a
quelque chose d’excellent à raconter !
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