Editeur : Grasset jeunesse
Nombre
de pages : 214
Résumé : « - « L’enfer est vide. Tous les démons
sont parmi nous », dit-il dans un souffle.
- Qu’est-ce que ça veut dire
?
- C’est du Shakespeare et
cela signifie que les vivants sont plus à craindre que les morts.
Hugo fronça les sourcils
d’un air dubitatif.
- Et sur ce constat
d’épouvante, conclut Oscar dans un large sourire, je te souhaite de beaux rêves
!
D’un clic, il éteignit la
lampe de chevet. Hugo entendit ses pas s’éloigner dans le noir. La porte se
referma sans bruit. Maintenant, la nuit pouvait commencer… »
- Un petit extrait -
« Le souvenir de son existence lui paraissait déjà si flou, si dérisoire. L'émotion le submergea lorsqu'il pensa à Fanette, Aza, son père, sa mère et tous ces êtres encore prisonniers de la terre. Il aurait voulu redescendre pour leur annoncer que tout allait bien, que la vie n'était pas sérieuse et la mort pas si méchante. Mais il savait que c'était impossible. Il se dit alors que ses parents ne pourraient s'empêcher de pleurer à son enterrement et toute l'énergie qui lui restait se dissipa dans un sourire attendri. »
- Mon avis sur le livre -
Il est rarissime que j’abandonne une lecture
en cours de route : en général, même quand le livre ne me plait pas
particulièrement, je m’oblige tout de même à le terminer, à lui laisser sa
chance jusqu’au bout. De toute ma vie de lectrice, je n’ai donc dû abandonner
purement et simplement que deux ou trois livres. Il m’est cependant arrivé de
temps en temps de cesser ma lecture en me disant que je retenterai plus tard,
car je sentais que ce n’était pas le bon moment. C’est ce qu’il s’est passé
pour Hugo de la nuit : je
l’avais déjà commencé il y a quelques années, mais j’avais préféré le laisser
de côté en attendant un moment plus opportun, car je n’étais visiblement pas
dans le bon état d’esprit pour l’apprécier « à sa juste valeur ». Du
moins c’est ce que j’espérais à cette époque. Maintenant que je l’ai enfin lu
en entier, je comprends parfaitement mon moi d’il y a quelques années qui n’avait
pas été convaincue … mais je comprends aussi pourquoi certains lecteurs l’ont
apprécié, même si ce n’est pas mon cas.
Hugo, douze ans et des poussières, vit avec sa
mère autrice, son père botaniste et son chien dans un vaste domaine au cœur de
la garrigue. Tout se passait bien jusqu’au jour où d’étranges flaques de
pétrole se sont mises à remonter à la surface … Si bien des propriétaires
se seraient réjouis de cette découverte, les parents d’Hugo en sont plutôt
contrariés : fini la tranquillité, ils font désormais face au vandalisme
répété de ceux qui cherchent à les faire quitter la région pour se jeter sur
cette terre en or noir. L’espoir renait lorsque le père d’Hugo découvrit
quelques plants d’une plante supposément éteinte depuis 1902 ! Il allait
ainsi pouvoir faire classer le domaine en zone protégée … Mais la procédure s’éternise,
et chaque jour, le risque que quelqu’un vienne bruler, arracher ou piétiner
cette si précieuse fleur se fait de plus en plus grand. Mais le pire est encore
à venir : voici venir une nuit terrifiante, une nuit où les fantômes
dansent et où les plus noirs secrets se dévoilent ...
Je dois bien reconnaitre être quelque peu
perplexe vis-à-vis de ce livre : objectivement parlant, il n’est pas
mauvais, et même plutôt original. Je saisis parfaitement pourquoi il semble si
apprécié par les autres lecteurs, mais ça ne l’a pourtant pas fait avec moi. Là
où les autres saluent le côté burlesque, baroque, loufoque, fantasque du récit,
je critique pour ma part ce même côté burlesque, baroque, loufoque, fantasque.
Car trop, c’est trop. Au début, ça confère une ambiance un peu décalée, un peu
hors du temps, à l’histoire, et c’était plutôt agréable et rigolo. Mais très
rapidement, ça devient tout simplement malaisant et agaçant … Vouloir « dédramatiser »
la mort, pourquoi pas (et encore, je m’interroge vraiment : est-ce une
bonne chose que de présenter la mort avec tant de légèreté et d’insouciance à
des jeunes adolescents qui sont en plein dans l’âge où on est déjà mal dans sa
peau et dans sa vie ?), mais à ce point, c’est plutôt malsain, morbide et
irrespectueux. « Morte à la suite d’un heureux événement » devient
donc l’épitaphe d’une jeune mère morte en couches, qui ne cesse de reprocher à
son désormais fantôme de fils sa « maladresse » … Désolée, mais moi,
ça ne me fait pas rire du tout.
En ce qui concerne l’histoire à proprement
parler … Je dois avouer que ça ne m’a pas plus convaincue : ça part dans
tous les sens, comme si l’auteur avait mis pleins de petits bouts de papier «
situations » dans un bocal, avait secoué, et avait tiré au sort pour déterminer
l’ordre de tous ces bouts de récits. Ça donne quelque chose qui n’a ni queue ni
tête. En temps normal, j’apprécie le côté décousu des récits un peu oniriques,
mais cette fois-ci, une fois encore, trop c’est trop. Je ne savais plus où
donner de la tête, et je ne voyais plus du tout quel était le fil rouge de l’histoire.
Encore une fois, c’était complétement déjanté, mais dans le sens négatif du
terme : on parle d’une chose à une autre sans en approfondir aucune, juste
pour donner l’illusion d’un rythme trépidant et d’une intrigue haletante alors
qu’il ne s’y passe finalement rien de bien concret. Les personnages eux-mêmes
ne semblent pas savoir ce qu’ils veulent : comment voulez-vous vous
attacher à eux ? Aussi incroyable que cela puisse paraitre, c’est la brave
Aza, la nourrice et cuisinière attitrée de la famille, qui m’a le plus émue
alors qu’on ne la voit qu’à deux reprises !
Malgré tous ces points négatifs, ne vous y
trompez pas : il y a du bon dans ce roman. Du bon qui n’a simplement pas
été exploité jusqu’au bout. Bien que cela m’ait décontenancée au début, car je
ne m’y attendais pas du tout, le fait de suivre le jeune Hugo dans sa mort
plutôt que dans sa vie m’a semblée originale, audacieuse et prometteuse. Car
parler de la mort, c’est parler de la vie, de façon détournée : certains
passages entamaient d’ailleurs cette réflexion sur le sens de l’existence, sur
la folie de la vie … Mais cela s’arrêtait aussi soudainement que ça avait
commencé, et c’est bien dommage. « Le monde est un endroit cruel, injuste
et absurde », explique la maman d’Hugo à son petit garçon, tout en
rajoutant que « les histoires sont faites pour consoler et donner du
courage ». Si nous entrevoyons bien à quel point le monde peut être
violent et terrible, on ressent beaucoup moins ce réconfort et cette espérance.
L’auteur n’a finalement fait que survoler les choses, et il m’a donc laissée
sur ma faim. De la même manière, si j’ai trouvé le « dénouement »
pour le moins sympathique (quoi qu’un peu trop « classique », vu et
revu), et si j’ai trouvé le twist final franchement excellent (on ne sait
vraiment plus ce qui est réel et ce qui ne l’est pas), tout ceci est bien trop
rapide : c’est dommage !
En bref, vous l’aurez bien compris, bien que
ça ne soit pas une réelle déception (car il y a certains éléments qui m’ont interpellée
et même plu), ça ne l’a pas vraiment fait chez moi : ce fut une lecture
plutôt quelconque, qui me laisse un petit arrière-gout d’inachevé. L’auteur
avait de très bonnes idées, qui auraient pu se transformer en un récit
franchement palpitant et intéressant, mais il n’est pas aller au bout de ces
idées, et ça ne donne donc qu’un récit un peu plat et fade. Certains
apprécieront sans doute le côté totalement grotesque et absurde, mais pour ma
part, je n’ai pas réussi à apprécier cet humour macabre. Je regrette également
les trop nombreuses grossièretés et obscénités, la violence sanguinolente à
outrance (pitié, nous sommes dans un roman jeunesse, pas dans un thriller gore,
un peu de retenue) … C’est comme si l’auteur avait mal dosé son public cible :
d’un côté, il nous offre un récit bien trop « simpliste » pour plaire
aux adultes, de l’autre, il nous sort une histoire bien trop brutale pour
convenir aux plus jeunes. Un livre qui n’est donc pas mauvais en soi, mais qui
ne correspond pas à tous les lecteurs.
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