samedi 24 octobre 2020

La 5e vague, tome 3 : La dernière étoile - Rick Yancey


Ma lecture en cours
La 5e Vague3, Rick Yancey
La dernière étoile

Editeur : Robert Laffont
Collection : R
Nombre de pages : 418
Résumé : Cassie a été trahie. Ringer aussi. Et Zombie. Et Nugget. Et les 7,5 milliards d'humains qui peuplaient notre planète. Trahis d'abord par les Autres, et maintenant par eux-mêmes.
En ces derniers jours, les rares survivants sur Terre se retrouvent confrontés au dilemme ultime : sauver leur peau... ou sauver ce qui les rend humains.




- Un petit extrait -
« La douleur est nécessaire. La douleur, c’est la vie. Sans douleur, il n’y a pas de joie. C’est ce que m’a enseigné Cassie Sullivan. »
- Mon avis sur le livre -

Il me semble l’avoir déjà expliqué il y a quelques temps, j’ai pour habitude de me laisser une bonne nuit de réflexion avant d’entamer la rédaction de mes chroniques : cela me permet de laisser « murir » mes idées, et surtout de ne pas écrire sous le coup de l’émotion. Aujourd’hui, je fais une exception à cette règle, pour la simple et bonne raison que cela fait plus de trois-cents pages que je sais ce que je veux écrire. Bien que j’admette que les cent dernières pages du récit m’ont donné quelques éléments nouveaux à intégrer à mes premières impressions, je pense pouvoir sans soucis trouver les mots justes pour exprimer ce que j’ai ressenti tout au long de ma lecture. Lecture qui, je l’annonce tout de suite, a été à la fois fort laborieuse et fort mitigée : c’est un peu comme s’il y avait deux livres en un. Comme si la première moitié et la deuxième n’avaient pas été écrites par le même auteur, ou bien à plusieurs décennies d’intervalle, tant le fossé est grand entre eux. J’y reviens juste après, prenons d’abord le temps de resituer un peu le contexte …

Calfeutrés dans la maison qui servait de base à une Silencieuse chargée d’éliminer méthodiquement tous les humains survivants, Ben, Evan et Cassie tentent de s’accorder sur la marche à suivre. Le premier veut partir à la recherche de Ringer et Teacup, qui auraient dû être rentrées depuis plusieurs jours. Le second se met en tête qu’il doit absolument aller faire sauter le vaisseau des Autres – de ses semblables – avant qu’il ne balance les bombes qui détruiront toutes les villes de la planète. Et la dernière, elle, ne souhaite qu’une chose : protéger son petit frère, ce petit frère qu’elle ne reconnait pourtant plus, qui a oublié le visage de leurs parents et son alphabet mais dort avec un flingue dans la main et fabrique des bombes comme on joue aux Legos. Pendant ce temps, Ringer découvre que tout ce qu’elle tenait pour acquis, tout ce qu’elle croyait, n’est qu’une vaste supercherie, et que rien de ce qu’ils avaient imaginés n’est réel. Mais elle a encore une certitude : elle ne fera pas ce qu’ils attendent d’elle, elle se sera pas leur créature, elle ne sera pas leur pion dans ce vaste jeu d’échecs. L’heure est venue de mettre fin à toute cette histoire …

J’attendais énormément de ce troisième et dernier opus : après tout, j’avais littéralement adoré les deux premiers, et cela promettait du lourd pour ce grand final. Rarement mes espoirs ont été autant déçus qu’ils ne l’ont été avec ce livre : ce fut atrocement laborieux, laborieusement atroce. Pendant un moment, je me suis demandé si je ne m'étais pas trompé de livre : entre Cassie qui n'est plus que l'ombre d'elle-même (elle est où, la grande soeur badass qui est prête à aller décrocher la lune, Saturne et même le Soleil si cela était l'unique moyen de sauver son petit frère adoré ?) et l'intrigue qui prend un revirement complétement parachuté (c'est bien beau de vouloir amener des grandes révélations fracassantes, encore faut-il qu'elles s'inscrivent harmonieusement dans l'ensemble de l'intrigue, ce qui est bien loin d'être le cas ici), j'ai plus d'une fois songé que l'auteur avait bu ou fumé quelque chose de pas très net avant d'entamer la rédaction de ce dernier opus. Disons-le simplement : je me suis ennuyée durant toute la première moitié, et si je m'étais arraché un cheveu à chaque fois que je soupirais ou grognais de frustration, je serai sans doute chauve à l'heure qu'il est.

Heureusement, arrivé au milieu de l'histoire, l'auteur s'est brusquement repris, a redonné son caractère (presque) normal à Cassie, et nous offre à nouveau quelque chose de bien palpitant, de franchement haletant, presque à la hauteur des premiers tomes. Je reste malgré tout assez perplexe quant à LA révélation de l'opus, qui reste bien trop nébuleuse à mon gout : je ne suis clairement pas certaine d’avoir réellement tout compris, et c’est vraiment dommage, car j’ai le sentiment que ça aurait pu être intéressant si cela avait été mieux amené … Car en l’état actuel (et définitif) des choses, à part perdre complétement le lecteur qui ne sait plus du tout ce qu’il en est, et ne sait donc plus contre quoi ou quoi se battent les héros, ça n’apporte rien de bien positif au récit. C’est comme si l’auteur n’avait pas pris la peine d’aller au fond de son idée, qu’il s’était contenté du strict minimum juste pour se « démarquer » des autres romans en proposant un retournement de situation complétement inattendu. Alors certes, c’est vraiment surprenant, complétement ahurissant même, mais ça ne suffit pas pour rendre ce coup de canon acceptable aux yeux du lecteur, qui a besoin de cohérence. 

Mais cela ne m’a pas empêchée d’être totalement captivée par le dernier quart du récit, par ce grand final que je n’espérais plus tant je m’étais trainée sans conviction jusqu’ici. A partir du moment où l’action a refait son apparition, où Cassie est redevenue l’héroïne que j’appréciais tant, à partir de l’instant où elle s’est lancée en compagnie de sa pire rivale dans cette expédition désespérée, j’ai su qu’il fallait se préparer au pire. Je m'attendais à être surprise, je m'attendais à être déchirée, et je l'ai été : je ne m'attendais clairement pas à ce qu'il ose nous faire ça, à ce qu’il aille jusque-là. C'est atroce, mais qu'est-ce que c'est beau aussi. Tout est accompli, pourrait-on dire. Et même si l'auteur nous laisse avec une fin ouverte tout ce qu'il y a de plus cruelle, je trouve que c'est opportun ici : l'histoire est loin d'être terminée, elle ne fait que commencer, l'histoire d'une humanité à la recherche d'elle-même, l'histoire d'une humanité qui doit se choisir elle-même. Car l’humanité, c’est finalement le fil rouge de toute cette trilogie, et c’est cette humanité, brisée mais toujours vivante, que nous retrouvons à la fin de cette histoire.

En bref, vous l’aurez bien compris : ce troisième tome avait franchement mal débuté, mais il s'est relativement bien rattrapé. L’auteur s’est perdu en chemin, mais il a retrouvé son cap pour la fin, et c’est l’essentiel : même si je n’ai pas suivi les nombreux détours qu’il a imposé à son intrigue et à ses personnages, la fin du voyage en valait la peine. Les étoiles dans les yeux de Megan lorsque Ben apporte le sapin de Noël dans leur ultime refuge sont la plus belle des récompenses, tout comme peut l’être l’insouciance presque retrouvée d’un petit Sam à qui on avait littéralement arraché son enfance et même son humanité. Ainsi, même si j’ai eu beaucoup de mal à me plonger véritablement dans ce récit, je vous conseille tout de même cette trilogie : certes, ce dernier opus est quelque peu décevant, clairement moins captivant que les deux premiers, mais c’est vraiment une saga qui prise globalement vaut clairement la peine d’être découverte ! Il faut s’accrocher durant les deux-cents premières pages de ce tome final, mais le reste est vraiment excellent, donc clairement, n’hésitez pas !

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