D’un monde à l’autre
Editeur : Rageot
Nombre
de pages : 767 pour
l’intégrale
Résumé : La vie de Camille, adolescente surdouée,
bascule quand elle pénètre accidentellement dans l’univers de Gwendalavir avec
son ami Salim. Là des créatures, les Ts’liches, la reconnaissent sous le nom
d’Ewilan et tentent de la tuer. Originaire de ce monde, elle est l’unique
héritière d’un don prodigieux, le Dessin, qui peut s’avérer une arme fatale
dans la lutte de son peuple pour reconquérir pouvoir, liberté et dignité.
Épaulée par le maître d’armes de l’empereur et un vieil érudit, Camille apprend
à maîtriser son pouvoir...
- Un petit extrait -
« Salim riait aux éclats, d'un rire extatique. Bjorn amena son coursier contre le chariot et le garçon bondit à l'intérieur.- Plus tard, je serai chevalier, affirma-t-il à Camille.- J'espère que nous ne croiserons pas un cosmonaute ou un chasseur de méduses, se contenta-t-elle de répondre en souriant. »
- Mon avis sur le livre -
Je ne suis sans doute pas la seule, du moins
je l’espère, mais je suis toujours très nerveuse quand l’une de mes
connaissances se plonge dans un livre que je lui ai conseillé. A la fois parce
que j’ai peur que la personne ait une déception par ma faute, et parce que je
suis toujours malheureuse comme les pierres quand je lis des avis négatifs sur
mes livres chouchous. J’ai beau savoir que tous les gouts sont dans la nature,
ça me brise toujours le cœur quand on dit du mal de romans que j’ai adoré …
Peut-être en partie car je ne peux m’empêcher de me sentir « nulle »
de tant apprécier un livre qui semble, si j’en crois les autres, présenter tous
les défauts du monde. Il faut dire que je lis principalement de la jeunesse …
et que la plus grosse critique faite par ceux qui découvrent ces romans à l’âge
adulte est invariablement « c’est trop enfantin », comme si c’était
un défaut rédhibitoire, alors que c’est juste l’âge du public cible qui veut
cela … Pour ma part, c’est bien simple : quand je me (re)plonge dans un
ouvrage jeunesse, je me contente de retrouver mon regard d’enfant, et
croyez-moi, ça fait le plus grand bien !
Le petit quotidien bien monotone de Camille
Duciel bascule littéralement lorsqu’elle passe dans un autre monde pour éviter
le camion qui lui fonçait dessus. Après avoir vu un chevalier faire un vol
plané en combattant une mante-religieuse-lézard géante qui s’adresse à Camille
en l’appelant « Ewilan », après avoir récupéré une étrange pierre
bleue et avoir failli se faire embrocher par la terrifiante créature, la jeune
surdouée retourne sans trop savoir comment dans son monde d’origine, l’esprit
chargé de milles et une questions … Elle y retourne quelques temps plus tard en
compagnie de son meilleur ami Salim pour fuir les araignées géantes qui se sont
invitées dans son jardin … Au gré des rencontres et des découvertes, Camille va
apprendre l’impensable : elle est originaire de Gwendalavir et elle
dispose d’un fabuleux pouvoir qui lui permet de rendre réel ce qu’elle imagine.
Un don qui est peut-être la clé pour sauver ce monde …
Incroyable. C’est peut-être l’un des mots qui
revient le plus souvent lorsque je tente désespérément de trouver un juste
qualificatif pour définir cette trilogie (et les suivantes, d’ailleurs). Car
aujourd’hui comme hier, alors même que je connais désormais l’histoire presque
par cœur, alors même que j’ai lu des centaines d’autres ouvrages bien plus « aboutis »
que celui-ci, je suis totalement émerveillée. Complétement happée, captivée, transportée
par cette histoire. Comme si j’avais à nouveau douze ans et que je découvrais
cet univers pour la toute première fois : avec des étoiles plein les yeux
et des rêves plein la tête. On en oublie tous nos petits soucis et grands
tracas, on en oublie presque parfois que ce n’est que de la fiction, car on se
laisse juste emporté par cette fantastique épopée et par la découverte de ce
nouveau monde qui nous tend les bras : d’une certaine façon, ouvrir ce
livre, c’est effectuer un pas sur le côté. C’est passer d’un monde à l’autre le
temps de quelques centaines de pages. C’est vivre à notre tour de grandes
aventures sans avoir à sortir de chez soi. C’est la magie de la lecture, et
Bottero était assurément l’un des plus grands magiciens des mots !
Il est vrai qu’objectivement, on pourrait
trouver des tas de « défauts » à ce premier tome. On pourrait
reprocher à Camille d’être une héroïne trop stéréotypée, avec ses yeux violets,
son intelligence hors-norme et son don surpuissant. On pourrait de la même
manière reprocher à Salim d’être le cliché-même du clown de service, à Bjorn d’être
la caricature du chevalier vantard, à Duom d’être le classique vieux sage un
peu barbant, à Edwin d’être le guerrier charismatique et autoritaire, et à
Ellana d’être la mystérieuse jeune femme surgie de nulle part. On pourrait
également considérer l’intrigue comme étant trop simpliste, nos héros se débarrassant
de tous les obstacles se dressant sur leur passage d’un simple claquement de
doigt et parvenant toujours à leurs fins … Mais avant de lire des avis et
chroniques d’autres lecteurs et blogueurs, absolument aucun, je dis bien aucun,
de ses points ne m’a jamais dérangée : je ne les avais même pas remarquée.
Pour la simple et bonne raison peut-être que j’ai toujours pris le parti de
lire les romans destinés à la jeunesse avec un regard d’enfant, sans me
laisser parasiter par ces critères de grand …
Et quand on arrive à se détacher de tout cela,
je vous l’assure, le plaisir est bel et bien là. Je me suis très rapidement
attachée – et même parfois identifiée – à Camille, cette adolescente brillante
qui se sent en profond décalage avec les autres, et à tous ces compagnons. J’aurai
aimé avoir un ami aussi fidèle que Salim, ce jeune garçon qui semble insouciant
et désinvolte au premier abord mais qui, on le sent, la fera toujours passer
avant lui-même et ne la laissera jamais tomber. Ils sont beaux, tous les deux,
liés par cette amitié si évidente et si profonde. J’ai également beaucoup aimé
Edwin, qui derrière sa fermeté teinté d’austérité cache un sens du devoir et de
l’honneur admirables. Et que dire de Bjorn, ce chevalier au grand cœur dont les
tirades grandiloquentes m’ont souvent fait éclaté de rire, de Hans et Maniel,
discrets mais indispensables, de Maitre Duom qui prend son rôle de mentor très
à cœur, et bien sûr d’Ellana et sa répartie qui n’a d’égale que sa bonté ?
Non, vraiment, cheminer aux côtés de cette compagnie est un vrai régal !
Quant à l’histoire, elle est peut-être simple et classique, mais elle est
efficace : elle m’a captivée, du début à la fin. J’ai tremblé de crainte
et soupiré de soulagement, j’ai ris et j’ai pleuré …
En bref, vous l’aurez bien compris, je n’ai
pour ma part pas le moindre reproche, pas la moindre critique à faire à ce
roman, qui m’a fait passer un extraordinaire moment de lecture. Trop court,
peut-être, car j’ai eu le sentiment de tourner la dernière page quelques
minutes seulement après avoir ouvert la première, mais indiscutablement
excellent. C’est un livre vraiment rafraichissant, qui nous invite à retrouver
notre âme d’enfant pour le savourer pleinement, qui nous rappelle la force de l’imagination
et la beauté du rêve ainsi que la puissance de l’amitié. C’est un premier tome
certes plutôt introductif, mais qui donne véritablement envie de se ruer par la
suite, car on sent que cette quête qui donne son nom à la trilogie promet d’être
vraiment passionnante, riche en rebondissements et en révélations, en actions
et en émotions. L’aventure ne fait clairement que commencer, et les choses
sérieuses ne vont pas tarder à débuter : alors, prêts à prendre la route
aux côtés de Camille et de tous ses compagnons ? Pour ma part, excusez-moi,
mais je ne vous attends pas : j’ai bien trop hâte !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire