mercredi 21 octobre 2020

Un automne de Flaubert - Alexandre Postel (mini-chronique)


Un automne de Flaubert, Alexandre Postel

Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 133
Résumé : 1875 : à cinquante-trois ans, Gustave Flaubert se considère comme un homme fini. Menacé de ruine financière, accablé de chagrins, incapable d’écrire, il voudrait être mort. Il décide de passer l’automne à Concarneau, où un savant de ses amis dirige la station de biologie marine. Là, pendant deux mois, Flaubert prend des bains de mer, se promène sur la côte, s’empiffre de homards, observe les pêcheurs, regarde son ami disséquer mollusques et poissons. Un jour, dans sa petite chambre d’hôtel, il commence à écrire un conte médiéval d’une grande férocité – pour voir, dit-il, s’il est encore capable de faire une phrase...

Un grand merci à lecteurs.com pour l’envoi de ce volume dans le cadre du Cercle livresque.

- Un petit extrait -
« Heureux celui qui accorde à son travail suffisamment de consistance, de réalité objective, pour pouvoir se blâmer d’être en retard. En comparaison, la littérature est une bien fuyante occupation : projets avortés, sables mouvants, irréalité perpétuelle – devant une horloge sans aiguilles, qui peut se dire en retard, qui sait s’il est à l’heure ? Qu'on ne s'étonne pas si ceux qui s'y adonnent finissent dans des maisons de fous ou errent dans les cimetières à la tombée du jour, pareils à des fantômes.  »
- Mon bref avis sur le livre -

Je n’avais aucune attente particulière en débutant ce court roman, et j’en ressors avec une certitude : la littérature blanche n’est définitivement pas faite pour moi. Ni tout à fait une biographie, ni tout à fait une fiction, cet ouvrage écartelé entre deux genres n’a tout simplement pas réussi à me faire ressentir une émotion autre que l’indifférence la plus totale. Ce n’était ni bon, ni mauvais, juste quelconque : ni le style ni l’histoire ne m’ont réellement captivée, et c’est plus par habitude qu’autre chose que j’ai parcouru page après page le récit de l’escapade bretonne de Flaubert.

On suit ce dernier dans ses longues complaintes d’hommes déprimé, menacé de ruine financière, incapable d’aligner plus de deux mots sur une feuille de papier. On le suit dans ses baignades en compagnie de deux amis, dans ses visites quotidiennes au vivier-laboratoire où son compagnon dissèque allégrement mollusques et poissons (des scènes atroces qui m’ont donné envie de pleurer), une « petite vie abrutissante » qui, inexplicablement, lui donna l’impulsion nécessaire pour reprendre l’écriture, et aboutit à la rédaction de La Légende de saint Julien l'Hospitalier.

Ces quelques chapitres, durant lesquels nous pouvons voir Flaubert se débattre avec l’histoire, avec le ton, avec le rythme et les sonorités de chaque phrase, le voir hésiter entre deux mots pour trouver le plus juste, le plus percutant, le voir raturer, réécrire, griffonner à nouveau, jusqu’à être satisfait de son paragraphe, ont été les seuls à attirer mon attention. Il y a quelque chose de vraiment fascinant à découvrir le processus créatif de ce grand écrivain qui sort laborieusement de cette panne d’écriture. Quelques descriptions paysagères ont également su briser cette monotonie qui a failli me perdre.

On sent qu’Alexandre Postel s’est longuement documenté pour nous offrir cette « tranche de vie » de Maitre Flaubert, et en cela, on ne peut que louer son travail. Mais pour le reste, je dois reconnaitre être restée totalement hermétique à ce roman bien trop éloigné de mes standards : le style se veut soigné mais n’en est que trop banal et académique, le récit est fort linéaire, parfois entrecoupé par quelques « intrusions » de l’auteur en lieu et place du narrateur. Ce fut intéressant d’en apprendre un peu plus sur ce grand nom de la littérature française, mais ça ne m’a clairement pas transcendée …

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