Le talisman du pouvoir
Editeur : Pocket Jeunesse (PKJ)
Nombre
de pages : 549
Résumé : Grâce à son armée de fantômes, le Tyran est
près de remporter la guerre contre les Terres libres. Seule Nihal peut encore
l'arrêter. Si elle parvient à réunir les huit pierres d'un mystérieux talisman,
dispersées dans les huit Terres du Monde Émergé, Nihal pourra une journée
durant invoquer les Esprits de la nature et contrer la magie du Tyran. Escortée
par Sennar, la demi-elfe se lance dans cette mission au terme de laquelle elle
découvrira enfin le sens caché de son destin.
- Un petit extrait -
« J'accomplis ce voyage parce que je le dois, pas parce que j'en ai envie. Et je combats parce que je ne sais rien faire d'autre. Je continue, tout en espérant trouver quelque chose, mais je ne trouve jamais rien. Toutes les vérités que j'avais découvertes étaient illusoires, et elles se sont effondrées sous mes pieds ... »
- Mon avis sur le livre -
Que ce soit du côté lecteur comme du côté
auteur, j’ai le sentiment que c’est autour de la fantasy que se pose le plus
régulièrement la question de l’originalité. Il semblerait que tout ce qui
faisait l’essence-même du genre à ses débuts – à savoir l’existence d’un Elu
aux capacités exceptionnelles, destiné à mettre fin à la tyrannie et à la
désolation – soit désormais considéré par nombre de lecteurs comme le schéma le
plus rédhibitoire qui puisse exister … Et bien que je puisse comprendre la « lassitude »
des habitués à croiser toujours le même type d’intrigue, je dois reconnaitre
que je ne suis clairement pas d’accord avec eux. Pour ma part, c’est toujours
un vrai régal que de me plonger dans un bon vieux récit de high fantasy !
Je pars en effet du principe que même l’idée la plus désespérément clichée au
premier abord peut devenir exceptionnelle si elle est bien exploitée, et c’est
pourquoi je ne fuie pas en courant lorsque le résumé évoque un « Elu du
Bien » face au « Mal incarné » : je suis intimement
convaincue que l’originalité peut se trouver même dans les histoires qui
semblent atrocement « banales » ! Et clairement, cette trilogie
en est la preuve « vivante » !
Jour après jour, bataille après bataille, l’armée
des Terres Libres ne cesse de perdre du terrain face aux troupes innombrables du
Tyran. Le seul espoir réside désormais dans le talisman qu’une vieille sorcière
a confié à Nihal : une fois que celle-ci aura récupéré les huit pierres dispersées
sur le continent et les aura scellés sur le médaillon, elle sera en mesure d’invoquer
un unique enchantement à la puissance inégalée. Alors, toute magie disparaitra
du Monde Emergé durant une journée entière, permettant à la jeune demi-elfe de
lutter contre le Tyran à armes égales … Sachant que l’avenir de milliers d’innocents,
qui ne demandent qu’à vivre dans la paix et la sérénité, repose sur ses seules
épaules, Nihal quitte donc le champ de bataille et part en quête des
sanctuaires où se trouvent les pierres. Accompagnée de son écuyer Laïo et de
son ami magicien Sennar, la jeune Consacrée est bien loin de se douter des
épreuves qu’elle aura à affronter au cours de ce long voyage …
Une chose est sûre et certaine : cet ultime
opus de la trilogie est indiscutablement mon préféré. Vraiment, quelle fin
magistrale ! On sent que l’autrice est bien plus mature dans son écriture : sa
plume est bien plus fluide, bien plus captivante également. Et en ce qui
concerne l’intrigue, c’est la même chose : on est ici dans quelque chose de
nettement mieux maitrisé ! Licia Troisi reprend le schéma désormais
traditionnel de la quête d’une Elue, ultime survivante de son peuple, sur qui
repose le destin de tout un monde … pour mieux le sublimer. Des livres de
fantasy, j’en ai lu des centaines, mais rares sont les quêtes à m’avoir autant
captivée : cheminer aux côtés de Nihal et de ses deux compagnons dans leur
recherche des pierres a été un véritable régal. J‘ai tout particulièrement
apprécié cette alternance entre la langueur du voyage et la tension des
épreuves : l’autrice a vraiment su trouver un équilibre entre ces deux
facettes de la quête, et elles se complètent à merveille. Au fil de leur
périple, nous explorons toutes les Terres du Monde Emergé, nous découvrons
toute la richesse de ce continent, mais aussi toute la souffrance engendrée par
le règne du Tyran : cela exacerbe notre envie viscérale d’assister enfin à
la confrontation finale, qui approche à grands pas !
J’apprécie également que l’histoire ait pris
ce tournant bien plus profond : il ne s’agit plus seulement de luttes
sanguinolentes sur le champ de bataille (bien que nous ayons encore le droit à
quelques scènes de combats épiques), mais bien plus d’une lutte psychologique,
philosophique et idéologique. Nihal cherche un sens à son existence, un sens à
sa quête, elle se débat avec ce qu’elle pense être sa destinée implacable. Elle
porte le fardeau d’être l’ultime représentante de son peuple : sa tâche
est-elle de venger les siens ? Elle a parfois le sentiment qu’être la
dernière demi-elfe lui ôte le droit de vivre pour elle-même. Comme si sa vie ne
lui appartenait pas tout à fait … Et surtout, plus le temps passe, plus Nihal
doute : ce monde mérite-t-il vraiment qu’on meurt pour lui ? la paix ne serait-elle
qu’une vaste illusion et supercherie ? l’homme est-il par nature cruel et
assoiffé de combats ? Elle se demande si cela vaut vraiment la peine de tout
risquer … Ses interrogations ont beau être parfois répétitives, elles n’en
restent pas moins profondément intéressantes, car elles posent des questions
sur la nature humaine, sur la justice, sur la paix, sur la responsabilité, sur
le bonheur également … A méditer !
Mais que les réfractaires aux questionnements
métaphysiques ne s’inquiètent pas : ce roman nous offre aussi de l’action
à n’en plus finir ! Les batailles deviennent de plus en plus fréquentes,
de plus en plus violentes, de plus en plus désespérées : dans un camp
comme dans l’autre, on sent que l’affrontement final approche. La tension
monte, progressivement, insidieusement, chapitre après chapitre. Ido fait face
au mystérieux chevalier rouge, et leurs combats m’ont donné des sueurs froides.
Nihal et ses compagnons font face à de nombreuses embûches, et mon cœur s’est
plus d’une fois emballé tant j’avais peur pour eux. On tremble d’effroi,
parfois d’espoir également. Et puis, on pleure, aussi. Certains passages sont
atrocement déchirants, je n’étais clairement pas prête pour cela, et j’ai cru
que je ne m’en remettrais jamais. Car certaines pertes sont plus douloureuses
que d’autres, car elles nous mettent face à la terrible réalité de la vie :
ce sont bien souvent les plus innocents qui souffrent le plus … Et puis,
croyez-moi ou pas, mais j’ai aussi soupiré, de soulagement mais aussi d’attendrissement :
nos tourtereaux prennent enfin conscience des sentiments qu’ils éprouvent l’un
pour l’autre, et c’est juste tellement mignon !
En bref, vous l’aurez bien compris, c’est un
dernier tome de toute beauté que nous offre l’autrice avec cette fin de
trilogie ! Si j’avais beaucoup aimé
les deux premiers, qui avaient vraiment cette « fraicheur » qui me
rappelle mes premiers pas dans le monde de la fantasy, j’ai tout simplement
adoré ce troisième, bien mieux construit, bien mieux écrit. On sent approcher
la bataille finale avec une impatience grandissante … ainsi qu’une inquiétude
croissante, car même si on se doute que le Bien finira par triompher du Mal –
codes du genre obligent –, on sent confusément que nos héros ne s’en sortiront
pas indemnes … en espérant qu’ils s’en sortent tout cours. Ce tome, c’est
clairement celui qui m’a fait ressentir le plus d’émotions, celui qui m’a le
plus bouleversée : j’ai littéralement pleuré à certains passages, et d’autres
étaient si chargés en tension que j’en oubliais de respirer ! C’est donc un
tome grandiose qui donne envie de découvrir les trilogies suivantes … et qui me
fait répéter ce que j’ai déjà dit dans mes chroniques précédentes : n’hésitez
vraiment pas à vous plonger dans cette saga si vous appréciez les bons vieux
récits de fantasy des familles !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire