La forêt des captifs
Editeur : Rageot
Nombre
de pages : 892 pour
l’intégrale
Résumé : Tandis que ses parents explorent des
territoires sauvages de l'autre monde, Ewilan se retrouve prisonnière sur Terre
d'une sinistre Institution. Au cœur de ce laboratoire clandestin, la Sentinelle
félonne Eléa Ril' Morienval fomente son retour en Gwendalavir qu'elle cherche
plus que jamais à conquérir. Réduite à l'impuissance par de terribles
expériences, Ewilan ne peut compter que sur le courage de Salim pour
s’échapper.
- Un petit extrait -
« — Qu’est-ce que… est-ce vraiment… bon sang, c’est abominable ! Comment avez-vous réussi à vaincre une pareille créature ?— Celle-là, je l’ai égorgée, expliqua Ellana d’une voix posée. Pour plus de sécurité, Edwin a cru bon lui envoyer deux flèches en plein cœur. Manque de confiance typiquement masculin…— Heu… je vois… Et ça, qu’est-ce que c’est ?— Ce qu’il reste du Ts’lich brûlé par Illian. Ça fait un peu désordre, mais Illian est jeune et se trouvait dans l’urgence. Grâce à lui, nous savons désormais que le Ts’lich n’est pas comestible. Impossible d’inviter des amis autour d’un barbecue et cuire un truc pareil. Ce serait une faute de goût impardonnable.Stupéfait, Bruno Vignol dévisagea la jeune femme. Elle pencha la tête et lui sourit, comme surprise par l’intérêt qu’il lui témoignait.— Vous… vous êtes sérieuse ? balbutia-t-il.— Bien sûr. Le Ts’lich ne se mange pas. Du moins pas en grillade ! En pot-au-feu, peut-être… On vous montre les autres ? »
- Mon avis sur le livre -
Le plus terrible dans les crises de migraine
qui me clouent régulièrement au lit dans la plus complète des obscurités, c’est
assurément le fait de ne même pas avoir la possibilité de lire pour faire
passer le temps : en général, que je suis malade, je m’occupe en dévorant
roman sur roman, mais lorsque le seul fait de garder les yeux ouverts devient
une épreuve, vous vous doutez bien que je ne peux même pas m’évader par la
lecture … Et je me retrouve donc condamnée à comater sans même réussir à
dormir, jusqu’à ce que l’ennui devienne aussi difficile à supporter que les
maux de crâne et autres désagréments de migraineux. C’est donc toujours un
énorme soulagement quand la douleur décroit enfin et que je peux me permettre
de faire autre chose que de rester étendue dans mon lit : l’attente de la
fin de crise devient tout de suite beaucoup plus supportable quand on a de quoi
s’occuper l’esprit ! Et clairement, en guise de compagnon de
convalescence, la littérature jeunesse est pleinement indiquée … et encore plus
les sagas-doudous !
Cela fait plusieurs mois maintenant qu’Ewilan
et ses compagnons ont retrouvés et libérés les parents de la jeune fille, qui
goute enfin aux joies d’une vie de famille qui lui a si longtemps été arrachée
tout en s’épanouissant plus que jamais dans son nouveau monde … Tandis que ses
parents et son frère s’embarquent pour une expédition au-delà de la Mer des
Brumes, Ewilan et Salim s’apprêtent à passer deux semaines de vacances dans l’autre
monde. Mais à peine sont-ils arrivés que l’adolescente est enlevée par des
hommes en noir et conduite dans la non moins sombre Institution, tombée sous la
coupe de la félonne Eléa, qui compte bien utiliser la technologie terrienne
pour assouvir sa soif de vengeance et de domination … Réduite à l’état de
cobaye, droguée et incapable de se servir de son Don pour s’échapper ou pour
contacter Salim, la jeune fille ne peut compter que sur l’aide de son ami, qui
ne reculera devant rien pour libérer celle qu’il aime tant …
Je me souviens encore de la surprise qui fut
la mienne la première fois que j’ai débuté cette seconde trilogie, et que j’ai
compris qu’Ewilan et Salim étaient de retour sur notre bonne vieille Terre,
alors que tout laissait à penser qu’ils allaient rester pour de bon en
Gwendalavir ! Et cela d’autant plus que l’auteur nous plonge directement
au cœur de l’action, aux côtés d’un Salim en pleine mission sauvetage, sans
nous expliquer comment on en est arrivé là … Et tandis que des dizaines de
questions encore sans réponses assaillent notre esprit, notre petit cœur est
malmené un peu plus à chaque chapitre, s’affolant tantôt d’inquiétude, tantôt
de peine. Car si la première trilogie restait finalement assez légère, tout
dans l’émerveillement de la découverte d’un nouveau monde et dans l’excitation
de la quête et de l’aventure, le premier tome de cette deuxième saga est
autrement plus sombre … L’auteur n’a rien épargné à ses personnages, et par
ricochet à ses lecteurs : il ne fait absolument aucun doute que ceux qui
trouvaient la première trilogie trop « gentillette », trop « enfantine »,
changeront d’avis avec ce tome …
Qu’est-ce que j’ai pleuré tout au long de cet
opus ! Tantôt parce que c’était un déchirement terrible que de voir notre petite
Ewilan dans cet état, totalement brisée par la soif de pouvoir et de vengeance
d’une femme prête à tout pour assouvir ses sombres desseins, tantôt parce que
c’était si beau de voire notre brave Salim prendre soin d’elle avec toute
l’affection et le dévouement d’un ami, d’un frère, d’un amour … Toute cette
première partie, centrée sur la guérison et la renaissance d’Ewilan, sous le
regard attentif du jeune Salim et celui attendri du vieux Maximilien, m’a
vraiment beaucoup émue … On le sent, cette douloureuse expérience va changer à
jamais Ewilan et Salim, brulant les dernières bribes d’enfance et d’insouciance
qui se terraient encore en eux, mais de ces cendres vont naitre les racines d’un
amour encore plus fort, inébranlable. Et si cette épreuve va mettre en évidence
la fragilité d’Ewilan, elle va également dévoiler la force de Salim, toujours
aussi fidèle et aussi dévoué, à la fois si maladroit et si délicat dans sa
façon d’exprimer tout l’amour qui brule en lui … Un tome vraiment poignant,
bouleversant, émouvant à souhait, bien plus profond et puissant que les
précédents !
Mais comme toujours, Pierre Bottero a su
ménager l’équilibre de son récit, et après tout cet interlude où Ewilan se
reconstruit doucement dans les douces montagnes du Massif Central, entourée des
brebis du vieux Maximilien, il est grand temps pour nos deux jeunes héros de
retrouver leurs compagnons de toujours et d’affronter la malveillante Eléa !
Car Ewilan le sent, elle ne sera tout à fait guérie qu’une fois qu’elle sera
retourné à l’Institution pour sauver les autres enfants détenus par ces
scientifiques sans scrupules … Cette seconde partie est fichtrement haletante,
on a le cœur qui s’emballe, le souffle qui se coupe, la gorge qui se noue :
on est tellement pris par l’histoire qu’on en oublie parfois que ce n’est qu’une
fiction, et on tremble vraiment pour nos héros ! Résultat : on dévore
chaque chapitre comme si notre vie en dépendait, totalement happé par cette
histoire incroyablement palpitante. Et une fois la dernière page tournée, l’envie
de se ruer sur la suite sans plus attendre nous prend. Et cela d’autant plus
que la rencontre avec le petit et mystérieux Illian nous promet de grandes
aventures à venir !
En bref, vous l’aurez bien compris, je me
suis tout simplement régalée avec ce tome ! Je me souviens que plus jeune,
il m’ennuyait quelque peu, justement parce qu’il ne se passe « pas grand-chose »
pendant une bonne partie du roman … alors que c’est justement la partie que j’ai
préférée en le relisant à l’âge adulte ! Petit moment de grâce où la
beauté de la plume rejoint celle du cadre idyllique et du lien magnifique qui
unit nos deux jeunes héros. Certains passages sont d’une puissance à couper le
souffle, j’en ai eu les larmes aux yeux tant chaque phrase était chargée d’émotion.
Mais je n’oublie pas la partie plus « trépidante » du récit : j’ai
beaucoup aimé la rencontre entre les deux mondes, entre le politicien de l’ombre
et les guerriers qui foncent dans le tas. On retrouve avec joie l’humour d’Ellana,
le calme d’Edwin, la fougue de Siam et l’impatience de Maitre Duom … Ils
forment une joyeuse équipée qui me donne toujours le sourire, même dans les
moments les plus difficiles. C’est un tel plaisir que de les retrouver pour
cette nouvelle trilogie, qui promet d’être bien plus sombre mais clairement
palpitante !
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