Le grand ouragon
Editeur : Castelmore
Nombre
de pages : 380
Résumé : Cet été-là, on annonce l'arrivée d'une
terrible tempête. Le haras de Kaltenbach ouvre ses portes à un cirque équestre
itinérant, pour le mette à l'abri des intempéries. Ari est fascinée par le
monde de la voltige, mais elle se rend vite compte que la vie de cirque n'est
pas de tout repos pour les chevaux. Avec l'aide du fidèle Whisper, elle se
lance dans le projet fou de sauver le vieux cheval du spectacle, Ouragan. Elle
ignore quelles terribles conséquences cette aventure va entrainer, le danger
que court Whisper, et enfin que Mika, qui a tant repoussé son retour, est sur
le point de rentrer...
- Un petit extrait -
« Un cheval blanc éclatant entre au trot dans le manège, suivi par un projecteur bleu. Il fait le tour du maître de cérémonie, d'un pied léger.- Un, déclame ce dernier - et, lorsque le cheval suivant apparaît tout de suite après, les spectateurs comprennent aussitôt et se mettent à compter en chœur, avec exaltation :- Deux ! Trois ! Quatre !Ils applaudissent au rythme des sabots tandis qu'apparaissent toujours plus de chevaux qui tournent autour de l'homme en queue-de-pie. Bien sûr, Ari se maîtrise et ne compte pas à voix haute, comme les enfants autour d'elle, mais la musique qui s'amplifie, les applaudissements des spectateurs et les chevaux blancs qui trottent en rond ont vraiment un effet hypnotisant sur elle. »
- Mon avis sur le livre -
Quand on aime s’enfiler une saga du premier
au dernier tome, il n’y a pas plus agaçant que les sagas dont on ne sait pas
avec certitude si elles sont terminées ou non, car ni l’auteur ni l’éditeur n’a
rien communiqué à ce propos. On prend toujours le risque de faire un marathon,
pour découvrir avec stupeur quelques mois plus tard qu’une suite va sortir, et
se retrouver ainsi avec toute la saga à reprendre du début … Pour Whisper, l’incertitude est bien présente : à
ma connaissance, la saga n’a pas été officiellement annoncée comme terminée,
mais plusieurs éléments tendent cependant à le faire penser. Le plus important
d’entre eux, c’est la dernière phrase de chaque tome : dans les cinq
premiers, elles étaient identiques et promettaient « une autre histoire »,
alors que l’ultime phrase du sixième tome est différente et ne comporte pas
cette « promesse ». J’en ai donc conclu que l’autrice ne comptait
plus nous conter de nouvelle histoire de Whisper et Mika, et qu’il est
désormais l’heure de leur dire au revoir … du moins jusqu’à la prochaine relecture de
la saga !
Tandis que Mika continue à courir après les
mustangs en Amérique, retardant inlassablement son retour, et qu’Ari passe
toutes ses journées avec Whisper à s’entrainer au tir à l’arc, le haras de
Kaltenbach se prépare à affronter une terrible tempête. Lorsqu’ils offrent
refuge à un cirque équestre itinérant, la jeune Ari découvre avec
émerveillement le monde de la voltige équestre et du spectacle … Elle se rend
cependant rapidement compte qu’Ouragan, le cheval vedette de la représentation,
qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Whisper, est bien trop vieux et
affaibli pour continuer ainsi. Mais elle découvre également que dans ce milieu,
le bien-être des chevaux n’est jamais pris en considération, du moment que le
show est assuré. La jeune fille se promet alors de sauver Ouragan et de lui
offrir une retraite bien méritée après toutes ces années de bons et fidèles
services … Mais elle est loin de se douter du danger dans lequel elle va les
plonger, Whisper et elle, en proposant au jeune Carlo de réaliser son numéro
avec Whisper à la place d’Ouragan …
Lorsque j’étais petite fille, comme beaucoup
d’enfants, j’étais totalement fascinée par le monde du cirque, par la magnificence
des numéros, par l’ambiance … Mais mon émerveillement s’est brisé en mille
morceaux lorsqu’un petit cirque s’est installé dans notre petit village et que
j’ai remarqué à quel point les deux petits poneys étaient mal traités une fois
le rideau fermé. Je n’étais pas aussi courageuse qu’Ari et Mika et n’ait donc
pas tenté de les exfiltrer au milieu de la nuit pour les installer dans mon jardin,
mais à partir de ce moment-là, s’en était fini de ma admiration (même si j’avoue
continuer à apprécier les prouesses des jongleurs et acrobates lorsque ceux-ci
ne se servent pas d’animaux dans leurs numéros) ! Dans cet opus, la petite
Ari, qui a enfin trouvé une certaine sérénité depuis son arrivée au haras, va
elle aussi découvrir l’envers du décor après avoir été captivée par le
spectacle enchanteur sous le chapiteau. Et comme elle n’a pas froid aux yeux,
la voici qui se lance dans une opération sauvetage aussi audacieuse que
dangereuse. En effet, en tant qu’adulte, on ne peut pas approuver son plan, d’autant
plus qu’on se doute pertinemment que cela va dégénérer et devenir hors de contrôle,
mais on comprend toutefois le geste désespéré de l’adolescente : comment
ne pas vouloir aider ce pauvre Ouragan ?
Ce que j’ai beaucoup aimé dans ce tome, c’est
justement le fait que malgré son « don », malgré le lien si
particulier qui l’unit à Whisper – et dans une moindre mesure aux autres
chevaux –, Ari va commettre une grosse et grave erreur. Elle agit
impulsivement, instinctivement, sous le coup de l’émotion, sans songer aux
conséquences de ses actes. Elle ne pense pas une seule seconde au fait qu’en
voulant sauver Ouragan, elle va mettre en danger Whisper et briser par la même
occasion et la confiance de l’étalon et la promesse qu’elle a faite à Mika de
prendre soin de lui. Elle ressent juste le besoin viscéral d’agir, car elle ne
peut pas laisser un cheval souffrir sans rien faire pour l’aider. C’est
important, je trouve, de montrer que nul n’est à l’abri de faire des erreurs.
Car la vérité, c’est que tout cavalier, un jour ou l’autre, fera une erreur
avec un cheval, même en étant animé par toute la bonne volonté du monde – comme
l’est Ari. C’est donc un livre qui, en plus de mettre le doigt sur les mauvais
traitements des chevaux de cirque, se veut déculpabilisant. Ainsi, Mika et
Whisper pardonnent tous deux à la petite Ari, qui a encore tant de choses à
apprendre, et en premier lieu à se pardonner elle-même …
Comme toujours avec cette saga, une brise de légèreté
vient régulièrement chasser les nuages de noirceur et de lourdeur : cela
fait tellement de bien lorsque Sam, Fanny ou Tinka viennent apporter un peu de
douceur et de rire dans cette intrigue bien sérieuse ! Certaines scènes
sont vraiment à mourir de rire et viennent contrebalancer à merveille les
passages plus difficiles. Difficile en effet de ne pas craquer face aux facéties
du duo Sam-Fanny, qui se hissent facilement en haut du podium des « couples
les plus drôles de la littérature jeunesse » ! Sans oublier la petite
Tinka, discrète mais qui rayonne littéralement de passion et d’innocence !
Je dois avouer que j’aimerai beaucoup un hors-série sur son poney Archibald et
elle, ils sont juste tellement drôles ensemble ! J’aime beaucoup également
les quelques passages avec le vieux Mr. Kaan : sa « force tranquille »,
sa sagesse mais aussi sa bienveillance sont une vraie bouffée d’air frais. Il
nous aide à remettre les choses à leur juste place, il nous apprend à canaliser
notre énergie et nos émotions pour mieux se mettre à l’écoute du cheval … mais
aussi pour que le cheval puisse lui aussi se mettre à notre écoute. Je l’affirme
sans détour : c’est le moniteur d’équitation rêvé pour qui cherche à créer
une amitié avec le cheval !
En bref, vous l’aurez bien compris, c’est un
final en apothéose que nous offre l’autrice avec ce sixième et dernier tome !
Une fois encore, elle arrive à nous faire rire et pleurer, trembler et rêver
tout en même temps : on se révolte face à la situation de ce pauvre
Ouragan, on éclate de rire quand Fanny réveille Sam à coup de bocal à
cornichons, on tremble quand le cruel directeur de cirque enlève Whisper, et on
pleure de soulagement quand Mika pardonne à la petite Ari ! Je vous
préviens, c’est une histoire qui fait naitre une ribambelle d’émotions : cœurs
fragiles, méfiez-vous ! Ce qui est assez extraordinaire finalement, c’est
qu’on peut soit y voir un simple récit d’aventure trépidant et captivant, soit
y trouver quelque chose de plus profond, comme une quête initiatique. En tout
cas, ce fut un véritable régal que de suivre une fois encore les aventures de
Whisper, de cheminer une fois de plus aux côtés de la petite Ari, et surtout de
revoir enfin Mika après sa longue absence ! Et même si l’heure est arrivée
de tous leur dire au revoir, on sait qu’ils resteront toujours quelque part
dans notre cœur et notre esprit, pour accompagner tous les petits cavaliers et
petites cavalières qui attendent de rencontrer leur Whisper …
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